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Perfluorés: la préfecture du Rhône appelle à ne pas consommer œufs et volailles dans quatre communes

Le site Arkema à Pierre-Bénite

Le site Arkema à Pierre-Bénite - BFM Lyon

Des traces de ces "polluants éternels" ont été découvertes dans des proportions anormalement élevées dans des poulaillers à Pierre-Bénite et à Oullins.

Après l'eau du Rhône, les œufs des poules. Des analyses conduites par l'État dans le cadre des surveillances environnementales ont permis de détecter de nouvelles traces de perfluorés dans des poulaillers au sud de Lyon, a indiqué ce mardi la préfecture du département.

Ces substances, également connues sous le nom de PFAS, sont utilisées par l'industrie, notamment pour leurs propriétés antiadhésives. Elles se muent en "polluants éternels" lorsqu'elles sont rejetées dans la nature.

Dans le secteur de la Vallée de la chimie, où sont implantées les entreprises Daikin et Arkema, des taux anormalement élevés de perfluorés ont été repérés, d'abord par les équipes de l'émission "Vert de rage", sur France Télévisions, puis par les services de l'État dans les semaines qui ont suivi.

Les valeurs réglementaires largement dépassées

Pierre-Bénite fait partie des communes les plus exposées à ces polluants. C'est ici, ainsi qu'à Oullins, que des traces de quatre PFAS différents (PFOS, PFOA, PFNA et PFHxS) ont été détectées dans les œufs de poules. Les concentrations observées dépassent largement les valeurs réglementaires.

À Pierre-Bénite, à titre d'exemple, 4,57 µg/kg de PFOS ont été détectés à l'état frais, contre 1 µg/kg normalement. Du côté d'Oullins, un taux de 25,41 µg/kg de PFNA a été constaté, au lieu de 0,70 µg/kg.

Les données sont encore plus frappantes lorsqu'on les additionne. On atteint 13,44 µg/kg à Pierre-Bénite et 28,30 µg/kg à Oullins, et non 1,70 µg/kg ou moins, comme cela devrait être le cas.

Une contamination en picorant?

"La présence de ces PFAS dans les œufs s’expliquerait par la contamination des sols: en picorant, les poules se contaminent, et contaminent ensuite leurs œufs", estime la préfecture.

Et d'ajouter: "Bien que les œufs aient une plus forte capacité à concentrer les PFAS que les volailles pondeuses et qu’il n’y ait pas de données actuellement disponibles sur la contamination potentielle de leur chair, les services de l’État pré-supposent une contamination de la chair des volailles".

En conséquence, la préfecture appelle les habitants de Pierre-Bénite, d'Oullins et des communes limitrophes de Saint-Genis-Laval et Irigny -où les données ne sont pas encore remontées- à suspendre leur consommation d'œufs et de chair à volailles produits localement par mesure de précaution.

Le gouvernement lance un plan d'action ministériel

Alors que les services de l'État étaient pointés du doigt ces derniers mois quant à l'absence de démarches à suivre lorsqu'une pollution de ce type est avérée, le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires a publié ce mardi un plan d’action ministériel sur les PFAS. Cela "dans l’objectif de renforcer la protection des populations et de l’environnement contre les risques liés à ces composés".

Ce projet vise à établir des normes sur les rejets, à améliorer la connaissance de l'imprégnation des substances dans les milieux naturels ou encore à réduire les émissions des industriels émetteurs de façon significative.

À l'échelle européenne, la priorité des autorités est l’aboutissement du processus d’interdiction en cours au niveau européen, pour supprimer les risques liés aux PFAS.

"Cinq pays européens (Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Suède et Norvège), avec le soutien de la France, ont déposé un projet en ce sens le 13 janvier 2023. Il sera rendu public le 7 février 2023, précise la préfecture. Pour les substances concernées, ce projet viserait des domaines plus larges de production, de mise sur le marché et d’utilisation."

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions