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Rhône: la préfecture confirme la présence de perfluorés au sud de Lyon et livre ses recommandations

Le site Arkema à Pierre-Bénite

Le site Arkema à Pierre-Bénite - BFM Lyon

Si l'eau peut toujours être consommée, les autorités conseillent pour le moment de ne pas manger de poisson pêché en aval de Pierre-Bénite et dans le Garon. Les résultats de nouvelles analyses sont attendus prochainement.

Cela ne fait désormais plus aucun doute: des traces de perfluorés (PFAS), ces "polluants éternels", ont été retrouvées autour de Pierre-Bénite, petite commune du sud de la Métropole de Lyon.

Une enquête réalisée par "Vert de rage", une émission de France Télévisions, l'avait révélé au mois de mai et faisait état de taux inquiétants. Dans un communiqué datant de ce lundi, la préfecture du Rhône confirme que les analyses quotidiennes effectuées sur les rejets industriels d'Arkema et Daikin, deux entreprises de la Vallée de la chimie, attestent de "la présence de PFAS actuellement utilisés, et d’autres PFAS vraisemblablement issus d’une pollution historique".

En septembre, le préfet avait pris un arrêté obligeant Arkema à "cesser d’utiliser tout additif PFAS d’ici fin 2024", avec une baisse progressive par paliers et à "réaliser des études complémentaires dans l’objectif de limiter les prélèvements dans la nappe de polluants historiques". S'agissant de Daikin, il apparaît que "les quantités rejetées sont modérées et maîtrisées, grâce à une station de traitement performante".

• Pas de restrictions à la consommation d'eau

Jérôme Moroge, le maire de Pierre-Bénite, salue ces premiers pas et fait part de résultats "plutôt rassurants" par rapport aux taux alarmants obtenus par les journalistes de "Vert de rage". Mais L'édile déplore avec force l'absence de ligne directrice claire concernant les précautions à prendre par rapport à ces polluants et réclame des "recommandations fermes" de la part de l'État.

Pour l'heure, la municipalité s'appuie sur ce que lui dit la préfecture. À ce stade des analyses, cette dernière "ne recommande pas de restriction de la consommation d'eau", même si "des champs captants présentent ponctuellement des taux de perfluorés supérieurs" à la future norme applicable, en 2026. La préfecture promet que les "résultats d’une nouvelle campagne de mesures seront publiés prochainement".

"L’ARS a par ailleurs réuni les exploitants d’eau potable pour élaborer un plan d’action visant à atteindre au plus vite des concentrations inférieures à 0,1 g/L dans l’eau distribuée", est-il précisé.

• Éviter de consommer les poissons du Rhône

S'agissant des espèces vivant dans le Rhône, et notamment des poissons, la préfecture se veut plus prudente.

"Les résultats révèlent la présence de PFAS dans toutes les espèces, en aval immédiat de la plate-forme de Pierre-Bénite mais aussi sur des stations plus éloignées, explique-t-elle, avec des "teneurs parfois supérieures aux futures teneurs maximales sur les denrées alimentaires du règlement européen qui entrera en vigueur début 2023".

Dans ce contexte, l'ARS recommande de ne pas consommer les poissons pêchés dans le Rhône en aval de Pierre-Bénite et dans le Garon dans l'attente de nouvelles analyses.

En parallèle, des prélèvements doivent être réalisés pour évaluer la contamination aux perfluorés des cultures maraîchères irriguées.

• De nouvelles études dans le sol, l'air et les végétaux

Outre l'eau, les études conduites par "Vert de rage" avaient permis d'identifier une forte teneur en perfluorés dans le sol, l'air et ou encore le lait maternel des femmes vivant aux abords de la Vallée de la chimie.

"Tous les sites aux usages sensibles (stades, parcs, écoles, EPHAD…) ont été recensés dans un rayon d’un kilomètre autour de la plateforme. Les premiers résultats seront connus en novembre et pourront être comparés aux analyses commandées par les collectivités", annonce la préfecture.

"Des analyses, on va continuer à en faire et en refaire, aussi bien dans le sol que dans l'alimentation, avait déjà promis le maire de Pierre-Bénite à l'issue d'une réunion avec les habitants la semaine dernière.

L'élu, qui dit avoir alerté les services de l'État sur la présence de ces perfluorés dès 2011, a porté plainte contre X. Et de promettre: "On ira jusqu'au bout: il faut aussi qu'on nous dise pourquoi il y a des perfluorés dans l'air".

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions