BFM Lyon
Lyon

"Il y a des bons raisins": vers un beau millésime rouge dans le Beaujolais malgré les aléas climatiques

Philippe Bardet, président d'Inter Beaujolais, est revenu ce jeudi sur la récolte à venir, les difficultés rencontrées par les viticulteurs cet été et les évolutions du métier avec le changement climatique.

Ces deux dernières semaines n'ont pas été de tout repos pour Philippe Bardet. Le président d'Inter Beaujolais les a passées dans les vignes. Pour lui, il s'agissait non seulement de préparer les vendanges rouges, dont le coup d'envoi sera donné lundi, mais aussi de passer les raisins au révélateur de son palais.

Le test s'est avéré positif. "A priori, il y a des bons raisins", savoure Philippe Bardet, invité sur le plateau de BFM Lyon ce jeudi soir. L'homme se dit satisfait de la "maturité" de ses fruits. "C'est croquant, c'est juteux. Il y a du fruit, il y a un petit côté noisette dans les pépins", égrène-t-il, optimiste.

2023, "je pense que ça devrait faire partie même des très bons millésimes", imagine même le président d'Inter Beaujolais. Les premiers éléments de réponse seront connus dans un peu plus de deux semaines, une fois les raisins passés au pressurage.

"Ils ont brûlé"

En observant le ciel dans le Rhône cet été, on aurait difficilement imaginé tant d'enjouement dans la bouche d'un viticulteur.

"On a eu un été un peu petit compliqué, euphémise-t-il. La dernière semaine de canicule n'a pas été le plus grand cadeau qu'on pouvait nous faire."

Les fortes chaleurs de la deuxième quinzaine du mois d'août ont entraîné des pertes de l'ordre de 20% de la récolte. Certains raisins "se sont confits, en fait", "ils ont brûlé". Ils seront écartés sur la table de tri. "Mais heureusement, on avait plutôt ce qu'il fallait" en termes de quantité, nuance Philippe Bardet.

Chaleurs étouffantes et grêlons

Au cours de l'été, le département n'a pas seulement été frappé par les chaleurs étouffantes. Il a également essuyé son lot d'intempéries.

"Sur Morgon, il a pas mal grêlé, retrace le patron d'Inter Beaujolais. Également sur Beaujeu, sur Chiroubles. Donc tout le monde n'est pas logé à la même enseigne."

Philippe Bardet, à l'instar de nombre de ses confrères, s'est doté de filets de protection pour limiter la casse. Il dispose désormais d'une dizaine d'hectares sous protection, moyennant "un gros investissement".

Pour les financer, il a pu compter sur un double appui financier: le premier émane de la région, le second de l'Union européenne. Avec ces aides, "on arrive à couvrir à peu près la moitié du coût d'un filet".

Aucun problème avec le mildiou, en revanche, du côté du Beaujolais cet été. "Le mildiou, on connaît, contrairement à nos amis Bordelais qui, je crois, ont été très touchés. C'est un champignon qui vient avec l'humidité. (...) On sait combattre le mildiou", souligne Philippe Bardet.

De nouveaux défis à l'horizon

Pour les viticulteurs, d'autres défis, de plus grande ampleur, s'annoncent pour les années à venir avec le changement climatique.

"Notre plus grande menace, c'est la sécheresse", résume le patron d'Inter Beaujolais, même s'il a plutôt été épargné cette année par rapport à la précédente. "C'est compliqué le manque d'eau. On ne peut pas irriguer nos vignes."

Les producteurs de vin vont devoir adapter leurs techniques aux nouveaux paramètres. Voire enclencher "une vraie révolution".

"Il faut qu'on trouve une façon de rendre la vigne plus résiliente". Cela passe par de nouvelles "méthodes de culture", "des nouveaux clones", "des nouvelles façons de cultiver, qui fassent qu'il y a un peu plus d'ombrage et que le raisin est mieux protégé".

Pour cela, il faudra du temps. "Le Beaujolais a pris du retard dans la restructuration de ses vignes. Le vignoble du Beaujolais est très ancien. La plupart des vignes ont été plantées dans les années 60-70." L'heure est actuellement "à la formation", à "l'information" et à la constitution de "plans" pour restructurer les vignes.

Des vendanges dans le Beaujolais.
Des vendanges dans le Beaujolais. © -

"Il est demandé partout dans le monde"

Philippe Bardet n'a pas l'air de particulièrement s'inquiéter de ces évolutions. "Le Beaujolais plaît", vante-t-il. "Il n'est pas demandé qu'à Lyon, il est demandé partout dans le monde."

La hausse des prix, conséquence d'une inflation généralisée, n'a pas entamé cette tendance. "On partait de très bas quand même", tient-il à signaler. "Maintenant, on aime bien se comparer aux bons crus des côtes du Rhône."

Autre produit prisé: le Beaujolais nouveau, "un vin de fête". Il fait "vraiment partie de notre gamme et on en est très fiers", sourit Philippe Bardet qui donne "rendez-vous le troisième jeudi du mois de novembre".

Recruter des vendangeurs? "Ça devient tellement compliqué"

Comme la plupart des exploitations viticoles, celles du Beaujolais sont tous les ans confrontées à des difficultés de recrutement de vendangeurs. "Ça devient tellement compliqué qu'on s'y est habitués", soupire Philippe Bardet.

Il est tout de même parvenu à composer deux équipes de 40 personnes cette année. "C'est essentiellement une main d'œuvre étrangère. C'est essentiellement, dans le Beaujolais, des gens qui viennent de Pologne ou d'autres pays, d'Espagne", précise l'intéressé.

"Il y a toujours de la place pour ceux qui voudraient venir au dernier moment", précise le président d'Inter Beaujolais, qui souhaite cependant "un engagement de deux semaines".

S'il reconnaît que c'est un métier "fatiguant", il rappelle que la vendange est "bien payée".

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions