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Julien De Rosa
Après le vol de 50 pièces, le défi de Balmain pour sauver sa Fashion Week
Le
La Fashion Week de Paris arrive à grands pas et la maison Balmain est sous pression après le vol d'une cinquantaine de pièces issues de sa nouvelle collection. Si cet incident regrettable met non seulement en lumière les défis auxquels sont confrontées les maisons de couture, il met également en avant l'incroyable résilience et la détermination des équipes de Balmain, qui ont annoncé maintenir le show.
Un défilé sous pression à Paris
Alors que la date fatidique du 27 septembre se rapproche et que les contours de l'affaire restent floues, le vol d'une cinquantaine de pièces du prochain défilé Balmain ajoute une pression considérable sur toute l'organisation du défilé.
En effet, samedi dernier, entre l'aéroport de Roissy et la maison Balmain, un chauffeur DHL qui transportait des pièces de la nouvelle collection, censées être présentées mercredi 27, a été attaqué et extirpé de son véhicule par une bande d'hommes masqués qui sont repartis à bord du camion. Ce dernier a été retrouvé, vide, à Mitry-Mory, en région parisienne et une enquête pour vol en bande organisée a été confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis. À noter que le montant du préjudice n'a pas été communiqué.
A quelques jours du défilé, les attentes et les enjeux sont donc élevés, mais si l'histoire nous a appris quelque chose, c'est que la mode a la capacité de se réinventer, de se relever et de briller même dans les moments les plus sombres.
"Nous allons travailler encore plus"
Comme l'a souligné Olivier Rousteing sur son compte Instagram quand il a annoncé le vol de ses pièces: "Mon équipe et moi-même avons travaillé très dur. Nous allons travailler encore plus, jour et nuit, tout comme nos fournisseurs, mais c'est tellement irrespectueux. Je voulais partager cela avec vous pour vous rappeler de ne jamais rien prendre pour acquis".
Le message transmis est donc clair: le spectacle doit continuer. Mais cela est-il réaliste? N'est-il pas utopique, voire déplacé, de maintenir une présentation dans de telles conditions? Interrogée par nos confreres de l'AFP, Blenda Clerjon, directrice pédagogique à l'Institut français de la mode (IFM), éclaire les enjeux que cela pose pour la marque.
"C'est impossible de ressortir 50 pièces telles que c'était, mais ce ne sera pas de qualité moindre. Balmain a suffisamment de ressources pour trouver comment remplacer des pièces et rester dans le haut de gamme. C'est énorme, ce sont des heures et des heures de travail", résume-t-elle, ajoutant qu'un défilé de prêt-à-porter présente en moyenne 65 looks.
La résilience et l'amour de la mode comme moteur
Serge Carreira, maître de conférences à Sciences Po, spécialiste du mode et du luxe, rappelle lui aussi le temps nécessaire à l'élaboration d'une collection de mode.
"Il faut entre trois mois, pour les grandes maisons avec des rythmes rapides et de nombreuses équipes, et six à sept mois pour les plus petites maisons. C'est un processus créatif évolutif, presque au fil de l'eau. Cela peut aller très vite si un modèle correspond immédiatement à ce que le créateur recherche. Mais il n'est pas rare qu'on décide d'apporter des modifications, en rajoutant les manches, changeant le tissu, allongeant ou raccourcissant."
Les heures sont longues et les nuits courtes, mais l'équipe est animée par une passion indomptable pour la mode. Mais Serge Carreira rappelle aussi que, puisque les pièces ont déjà été confectionnées, une partie du travail est déjà faite.
"Les modèles volés sont des prototypes (...) l’aboutissement du processus créatif et les patrons existants permettraient de refaire les vêtements. La maison Balmain a des ateliers, ils ont des sous-traitants, un réseau d'artisans". Pour lui, la mission que s'est fixée la marque est donc réalisable, "en mobilisant le maximum de forces."
Le rendez-vous est donc donné le 27 septembre à 20 heures, et nul doute qu'il sera suivi avec une attention redoublée. La mode sait surmonter les obstacles et Balmain est prêt à le prouver une fois de plus.
