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Crise en Ukraine: qu'attendre d'un éventuel sommet entre Joe Biden et Vladimir Poutine?

Dès ce lundi, le Kremlin a estimé qu'il était "prématuré" de parler d'un sommet des présidents, et préfère se concentrer sur le dialogue entre les ministres des Affaires étrangères.

La diplomatie finira-t-elle par l'emporter en Ukraine? Après de longs échanges téléphoniques initiés par Emmanuel Macron, Joe Biden et Vladimir Poutine ont accepté le principe d'une rencontre, selon un communiqué publié dans la nuit de dimanche à lundi par l'Elysée. L'occasion de potentiellement trouver une issue favorable au conflit russo-ukrainien. Mais ce lundi matin, le Kremlin a semblé nettement plus modéré, en estimant "prématuré" de parler d'un sommet réunissant les deux présidents.

"Il y a une entente sur le fait de devoir continuer le dialogue au niveau des ministres (des Affaires étrangères). Parler de plans concrets d'organisation de sommets est prématuré", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Faut-il y voir là un possible revirement de situation? Pas forcément, selon Patrick Sauce, éditorialiste politique internationale à BFMTV.

"Le Kremlin dit qu'il n'y a pas de projet de rencontre entre Poutine et Biden. C'est vrai, on est d'accord. Ils se sont mis 'ok' sur le 'principe' de tenir un sommet, si les préalables sont remplis. Et le principal préalable, c'est l'absence d'invasion de l'Ukraine par la Russie", explique-t-il sur le plateau de BFMTV ce lundi.

· Une rencontre sous conditions

Dans son communiqué, la Maison Blanche avait prévenu tout de suite que les Etats-Unis s'engageaient à "poursuivre la diplomatie jusqu'au moment où une invasion débutera". Et ce lundi, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune, invité de LCI, a estimé que si l'accord de principe d'un sommet était une avancée, il y avait également "plusieurs réalités" dans le dossier ukrainien:

"Il y a une tension sur le terrain avec une présence militaire russe qui reste extrêmement forte aux portes de l'Ukraine, c'est toujours le cas avec une série de ruptures du cessez-le feu dans le Donbass", rappelle-t-il, "et puis en même temps, un espoir diplomatique reconstruit par le président de la République dans la continuité de ses efforts des dernières semaines".

Le Kremlin a par ailleurs souligné de nouveau que la "situation reste extrêmement tendue" sur le front de l'Est ukrainien, entre les forces ukrainiennes et les séparatistes prorusses soutenus par Moscou.

"Cela est inquiétant", a dit Dmitri Peskov, dont le pays rend l'Ukraine responsable de l'aggravation de la situation sur le terrain, en l'accusant de vouloir commettre un "génocide" des populations russophones.

Vladimir Poutine doit présider ce lundi à la mi-journée une réunion de son Conseil de sécurité, regroupant les principaux décisionnaires russes, notamment les dirigeants de l'armée et des services de renseignements.

· Des modalités de rencontre difficiles à définir

Pour l'heure, difficile d'imaginer les possibles contours de cette rencontre donc. Ce matin, Clément Beaune avait d'ailleurs estimé qu'il était encore tôt pour évoquer concrètement un lieu ou une date:

"On ne sait pas la date", a-t-il assuré. "Ce qu'on sait, c'est qu'il y aura des échanges aujourd'hui à nouveau entre Jean Yves le Drian et son homologue M. Lavrov et ce jeudi des discussions entre le secrétaire américain Anthony Blinken et Serguei Lavrov"

Des "rencontres préparatoires" entre la France et la Russie, puis entre les représentants des Affaires étrangères russes et américains, qui, selon les récentes déclarations de Moscou, devraient bien être maintenues. Et ces échéances sous-entendent forcément que si sommet il y a, il n'aura pas lieu avant au moins jeudi.

Difficile également de savoir qui pourrait y participer. Dans son communiqué, l'Elysée avait expliqué que ce sommet entre dirigeants serait élargi à "toutes les parties prenantes" et porterait sur "la sécurité et la stabilité stratégique en Europe".

Etant à la tête de la présidence française de l'Union Européenne, Emmanuel Macron pourrait donc en faire partie. L'OTAN et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OCSE) seraient également susceptibles d'être présents. Tout comme, bien-sûr, des représentants de l'Ukraine.

Pour l'heure, il faut donc se contenter de lire entre les lignes des communiqués et déclarations des différentes forces en présence, tant la situation semble avancer lentement et est susceptible de changer à tout moment.

Louis Augry