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Quelle est vraiment la portée des missiles de la Corée du Nord?

Lancement d'un missile Hwasong-14 nord-coréen.

Lancement d'un missile Hwasong-14 nord-coréen. - AFP PHOTO/KCNA VIA KNS

En juillet, la Corée du Nord a réussi deux lancements de missiles balistiques intercontinentaux. Théoriquement, ces armes peuvent lui permettre de frapper ses voisins mais aussi l'Europe ou les Etats-Unis. il s'agit d'une étape décisive pour cette dictature qui développe sans cesse ses capacités militaires.

Les tensions entre la Corée du Nord et les Etats-Unis sont d'une ampleur inédite et Donald Trump ne manque pas de le souligner. Ce vendredi, il a tweeté: "Les options militaires sont désormais totalement en place, parées et chargées, au cas où la Corée du Nord agirait imprudemment". Au centre de la crise, les missiles balistiques développés par la partie nord de la péninsule coréenne. Le programme balistique de la dictature a ainsi fait des pas de géants au cours des derniers mois, comme l'observe le New York Times.

La Corée du Nord très active ces derniers mois

Depuis la mi-mai, et le lancement réussi de son Hwasong-12, un missile balistique à portée intermédiaire, il semble que le régime de Kim Jong-un soit en mesure d'atteindre, non plus seulement ses voisins immédiats comme le Japon et la Corée du Sud, mais au sud l'île de Guam, où se tiennent des bases américaines, ainsi que l'Asie du Sud-Est et, plus à l'ouest, une bonne partie de la Russie.

Mais la Corée du Nord ne s'en est pas tenue là, et en juillet, a procédé à deux lancements, couronnés de succès, d'un nouveau modèle, le missile balistique intercontinental Hwasong-14, plus redoutable encore que celui qui l'avait précédé de peu. Le premier test a été réalisé le 4 juillet et l'engin projeté, selon l'expertise du site du quotidien new-yorkais, pouvait au moins s'abattre sur l'Alaska. Celui du 28 juillet a montré que l'étendue de la menace du Hwasong-14 était plus large encore: c'est simple, une bonne partie du globe est à sa portée, seuls l'Amérique du Sud et le sud de l'Afrique échappant à coup sûr au danger.

Si la majorité des Etats-Unis apparaît aussi vulnérable, la question de savoir si leur côte est intègre cette zone rouge est difficile à trancher. L'affaire réserve d'autres points d'interrogations pour les spécialistes. Les ogives nucléaires qui pourraient équiper ces missile n'apportent pas de certitude sur leur faculté à résister à un retour dans l'atmosphère. La capacité des forces nord-coréennes à miniaturiser ces ogives soulève aussi des doutes.

30 à 60 ogives nucléaires

Pourtant, selon des responsables du renseignement américains, dont un document a été cité mardi par le Washington Post, la dictature est parvenue à produire une ogive nucléaire insérable dans son missile balistique intercontinental. L'Etat nord-coréen possède 30 à 60 ogives nucléaires, contre par exemple les 6.800 appartenant aux Etats-Unis ou les 300 françaises, toujours selon le site de ce journal, qui précise que le Hwasong-14 peut allonger sa portée: pourvu de deux étages, le deuxième apporte une réserve de fuel prête à prendre le relais au moment ou le premier cesse d'être opérationnel.

La Corée du Nord détient aussi deux autres types de missiles balistiques intercontinentaux, le KN-08 et le KN-14, mais ces deux armes n'ont pas été testées pour l'heure. Le programme balistique nord-coréen, comme le remarque le site de la BBC, remonte à Kim Il-sung, le grand-père de Kim Jong-un. La Corée du Nord s'était en effet dotée en 1976 de missiles Scud importés, avant de produire ses propres modèles à partir de 1984.

Des forces pléthoriques mais partiellement obsolètes

Le militarisme nord-coréen excède la seule question des missiles. Le service militaire, obligatoire dès 17 ans pour les hommes comme pour les femmes, dure dix ans pour les hommes, tandis que les femmes le quittent à 23 ans. En 2016, comme BFMTV.com le montrait, le pays comptait 1.020.000 soldats en armes et 7.700.000 réservistes mais aussi 4.200 chars, 8.600 pièces d'artillerie, une flotte de 740 navires, 70 sous-marins et 820 avions de combat. Mais le degré d'obsolescence du matériel peut laisser perplexe, une partie de celui-ci provenant des années 50 ou 60. En ce qui concerne ses missiles intercontinentaux, la question ne se pose pas.

Robin Verner