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Séismes: comment de jeunes enfants arrivent-ils à survivre aussi longtemps dans les décombres?

Une femme portant un bébé, dans la ville de Jindayris, dans la partie de la province d'Alep, en Syrie, le 10 février 2023.

Une femme portant un bébé, dans la ville de Jindayris, dans la partie de la province d'Alep, en Syrie, le 10 février 2023. - Bakr ALKASEM / AFP

Plusieurs enfants ont été sortis vivants des décombres en Turquie et en Syrie ce week-end, après avoir passé plusieurs jours dans les ruines des bâtiments, certains n'avaient que quelques jours.

Des histoires miraculeuses. Ce samedi, Halit Ali Talha, âgé seulement de 21 jours, a été retrouvé vivant, après six jours passés sous les décombres, dans la province d'Hatay, en Syrie. Au cours du week-end, plusieurs enfants ont été extraits des bâtiments effondrés lors des séismes de lundi dernier, qui ont fait au moins 35.000 morts.

"Chaque jour, les chances s'amenuisent", confie à BFMTV.com Éric Zipper, président de l'ONG Corps Mondial de Secours, depuis Kahramanmaraş, en Turquie, proche de l'épicentre du séisme.

"On y croit toujours, on ne veut pas baisser les bras", poursuit-il.

Les victimes enfouies profondément

Le lundi 6 janvier un puissant séisme de magnitude 7,8, suivi quelques heures plus tard par une très forte réplique ont fait s'écrouler des milliers de bâtiments dans la région. "Lorsqu'une maison s'effondre, soit on est directement écrasé, soit on est enseveli avec un membre coincé, on est pris au piège et blessé, soit, enfin, on est emmuré parce que tout s'est effrondré autour", détaille Éric Zipper.

Selon le spécialiste, si une victime est blessée, ses chances de survie sont minces et elle décède vite si elle n'est pas secourue. À l'inverse, si elle est seulement enmurée, comme cela était le cas des enfants récemment sauvés, la situation peut perdurer.

Sept jours après les séismes, la configuration du sauvetage a beaucoup évolué. "Les premières victimes 'de surface' sont sauvées par les habitants avant l'arrivée des secours", explique Éric Zipper.

Ensuite, les équipes de secouristes vont extraire les personnes coincées. "On les sort assez facilement", ajoute-t-il. Restent désormais ceux enfouis plus profondément. Si parvenir jusqu'à eux est plus difficile et dangereux pour les sauveteurs, cette configuration peut permettre aux victimes de tenir en vie plus longtemps.

"Lorsqu'on est enfoui assez profondément, les températures sont plus hautes, on peut mieux tenir et ne pas se dessécher: il y a moins de consommation d'énergie", explique le spécialiste.

Mise en "quasi-hibernation"

Depuis une semaine, les témoignages de sauvetage d'enfants font énormément réagir à travers le monde et interrogent: comment de jeunes enfants arrivent-ils à survivre aussi longtemps dans les décombres?

"Ce n'est pas si rare, à Haïti, on avait sauvé une petite de 19 jours après une semaine dans les ruines", se souvient Éric Zipper.

Si les chances de survie dépendent de nombreuses conditions, les situations des adultes et des enfants peuvent être parfois différentes. "Un adulte peut s'épuiser rapidement en cogitant et en essayant de sortir alors qu'un enfant va avoir tendance à attendre", raconte-t-il.

En outre, plusieurs nourrissons ont été récemment sortis des décombres, à l'instar de Halit Ali Talha, 21 jours, ce samedi. "Les tout premiers mois, les bébés ont encore la capacité de se mettre presque en hibernation, avec le cœur qui bat moins vite et en ralentissant leur métabolisme", explique Éric Zipper. Ils consomment ainsi moins d'énergie.

En Turquie, le vice-président Fuat Oktay a annoncé que 574 enfants extraits des bâtiments effondrés avaient été retrouvés non accompagnés. Un groupe d'environ 200 bénévoles, comprenant des psychologues, des avocats et des médecins, a établi des centres de coordination dans les dix provinces dévastées par le tremblement de terre. Leur objectif: identifier les enfants non accompagnés et les confier à leurs familles, avec le concours de la police.

Salomé Robles