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Moyen-Orient

Libye: rencontre avec des familles qui ont fui la violence de Daesh

REPORTAGE - À Misrata, en Lybie, 1400 familles ont trouvé refuge après avoir fui leur ville de Syrte, tombée sous la coupe de l'État islamique. Le groupe y impose sa loi de manière très violente, exécutant tous ses opposants. BFMTV a rencontré certains de ces expatriés.

Il refuse de montrer son visage, par peur de représailles. Omar a été l'un des premiers à fuir la ville de Syrte, en Libye. La cité natale de Mouammar Kadhafi est passée depuis le mois de juin sous le contrôle de l'organisation État islamique. 1.500 hommes, notamment des chefs militaires venus d’Irak et de Syrie, dirigeraient actuellement la ville. Avec des méthodes extrêmement violentes.

Vivant aujourd'hui à Misrata, à 250 kilomètres de Syrte, Omar se rappelle d'une situation catastrophique. "Il y a des pénuries de nourriture, il n'y a plus rien à manger, décrit-il. Pas de gaz, pas d'argent, pas d'essence, il n'y a rien. Le minimum pour vivre n'est plus là." Et les difficultés sont encore plus grandes pour les parents.

"Les hommes de Daesh commencent à aller dans les écoles pour effrayer les enfants, leur faire la leçon, explique Omar. Tout le monde a peur pour le futur de ces enfants."

La torture comme justice

Comme Omar, 1.400 familles ont quitté Syrte en catastrophe. Ali et sa mère Salima arrivent tout juste de la ville libyenne, qu'ils ont fui dans des conditions tragiques. Milad, le frère d'Ali, a été exécuté par Daesh il y a un mois. Il a été reconnu coupable d'espionnage car il avait combattu dans l'armée libyenne, une trahison qui a valu à son corps d'être crucifié. Une pratique courante au sein de l'État islamique.

"Ceux qui sont accusés d'être avec les milices ou les forces de sécurité, pour Daesh, ce sont tous des espions, déplore Ali. Ils sont tués et crucifiés. Pour les autres crimes, comme insulter la religion, la punition c'est la décapitation. Et ils ne rendent même pas le corps à la famille. Certaines personnes ont les mains coupées. Daesh a ses propres tribunaux, et sa police."

Les méthodes de gouvernement de Daesh à Syrte rappellent celles qui sont appliquées en Irak et en Syrie. Omar, Ali et beaucoup d'autres espèrent donc une intervention des pays occidentaux en Libye, comme il y en a actuellement dans ces deux pays.

H. M. avec Guillaume Couderc et Baptiste Besson