BFMTV
Israël

Comment les tunnels du Hamas à Gaza peuvent jouer un rôle clé dans l'offensive terrestre israélienne

En cas d'offensive terrestre sur la bande de Gaza, l'armée israélienne sera confrontée à des centaines de kilomètres de galeries et de tunnels utilisées par les membres du Hamas, servant à la fois de planque d'armes, d'abris, de pas de tir ou encore de lieux pour retenir des otages.

Un territoire de seulement 41km de long pour 10km de large... dissimulant plus de 500km de tunnels. Sous la bande de Gaza, se trouvent des centaines de galeries souterraines que les soldats israéliens surnomment "le métro de Gaza".

Ce vendredi 27 octobre, comme le jour précédent, Tsahal a mené une incursion dans la bande de Gaza. Dans la soirée, d'intenses bombardements ont eu lieu. Alors que l'État hébreu promet une offensive terrestre massive après les attaques du Hamas sur son territoire le 7 octobre, ces premières percées servent notamment à faire du repérage.

Face à la supériorité d'Israël en termes d'équipements militaires et de puissance aérienne, le Hamas utilise les tunnels pour tenter de rééquilibrer le rapport de force. Ilan, réserviste de Tsahal, se souvient des difficultés que posaient déjà ces infrastructures en 2014, lors d'une précédente incursion israélienne dans Gaza.

"Vous avez souvent des terroristes qui apparaissent ici, qui disparaissent là-bas... Ils savent où se cacher et où ressortir et nous on arrive en terrain ennemi", raconte-t-il à BFMTV.

De multiples fonctions

Dans des vidéos de propagande, le Hamas montre régulièrement ces tunnels, devenus un véritable argument de puissance pour l'organisation. On y voit des souterrains consolidés et éclairés faisant en général deux mètres de haut et de large.

Ils servent stocker du matériel, des armes, de la nourriture, du carburant, des motos... Certains disposent même de rails pour les transports les plus importants. Les galeries sont aussi des cachettes pour les dirigeants du Hamas qu'Israël a promis d'éliminer. En effet, ces tunnels bénéficient d'un système d'aération qui permet d'y vivre des semaines durant.

Le Hamas tire régulièrement des roquettes, généralement stoppées par le dôme de fer israélien, sur des villes de l'État hébreu. Le groupe terroriste utilise les tunnels pour déplacer les roquettes jusqu'à leur pas de tir qui fonctionnent grâce à un système de trappes permettant de tirer puis de disparaître à nouveau sous terre.

Les tunnels vont jusqu'à la frontière avec Israël. En 2006, le soldat Gilad Shalit avait été enlevé après un raid via un tunnel. Il avait été échangé cinq ans plus tard contre plus d'un millier de prisonniers palestiniens. Une situation qui a poussé les autorités du pays à installer une clôture électrique sous terre, en plus du mur longeant toute la frontière, pour la somme d'un milliard de dollars.

"Bouclier humain"

La construction de cette fourmilière pourrait avoir commencé au milieu des années 90. À l'origine, elle servait essentiellement à importer de la nourriture ou du bétail depuis l'Égypte, afin de contourner les blocus imposés par Israël.

Selon les spécialistes, le réseau s'est considérablement étendu depuis 2006 - date où le Hamas a pris le pouvoir dans la bande de Gaza - et compterait 1300 tunnels et 500km.

Une carte publiée par Tsahal montre les tunnels répertoriés par l'armée israélienne en 2021, mais ils pourraient avoir évolué depuis. Selon ces données, les galeries seraient également de différentes profondeurs, ce qui n'est pas sans poser problème en cas d'offensive terrestre.

Les tunnels répertoriés par l'armée israélienne dans la bande de Gaza, en 2021.
Les tunnels répertoriés par l'armée israélienne dans la bande de Gaza, en 2021. © BFMTV

En effet, les explosifs anti-bunkers peuvent détruire les cibles souterraines jusqu'à 30 mètres de profondeur, or, une grande partie des tunnels de Gaza sera creusée au-delà de cette limite, jusqu'à 70 mètres sous terre.

En outre, les galeries vont jusqu'aux zones d'habitation de Gaza, voire jusqu'à l'intérieur des logements. Selon l'armée israélienne ce vendredi, une d'entre elles déboucherait même à l'hôpital Shifaa, située au cœur de la ville de Gaza. "Environ 4.000 collaborateurs constituent un bouclier humain pour les dirigeants de l’organisation terroriste Hamas", écrit Tsahal.

Selon un communiqué de réponse du Hamas, ces déclarations sont destinées à "ouvrir la voie pour cibler" cet hôpital où selon lui, 40.000 personnes déplacées ont trouvé refuge.

La question des otages

Pour éviter d'être repérés par les logiciels espions israéliens qui permettent des écoutes et la localisation de téléphones portables, le Hamas se sert d'un réseau téléphonique autonome spécialement conçu pour ses tunnels, qui disposent d'un système entier de câblage.

Un bataillon de l'armée israélienne est spécialement formé pour entrer dans les tunnels gazaouis avec des chiens, des bombes pour boucher les entrées, des lunettes infrarouges, des radios pour communiquer sous terre et micro-drones...

Mais les attaques du 7 octobre ajoute une nouvelle difficulté: la potentielle présence d'otages du Hamas. Une otage israélienne de 85 ans, Yocheved Lifshitz, relâchée lundi a raconté avoir été détenue avec d'autres compagnons d'infortune dans un de ces tunnels "où il faisait très humide".

Elle a par ailleurs comparé le réseau de tunnels à une "toile d'araignée". "Beaucoup, beaucoup de tunnels. Nous avons marché sous terre sur plusieurs kilomètres", a-t-elle raconté.

Salomé Robles