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Irak

Le journaliste Nadir Dendoune reste détenu en Irak

Rassemblement de soutien à Nadir Dendoune, à Paris, le 1er février.

Rassemblement de soutien à Nadir Dendoune, à Paris, le 1er février. - -

Le journaliste français a comparu pour la première fois devant un juge d'instruction irakien, ce mardi. En l'attente du verdict, il a été maintenu en détention.

Le journaliste français Nadir Dendoune, détenu depuis deux semaines à Bagdad, a comparu pour la première fois mardi devant un juge d'instruction qui l'a maintenu en détention, en attendant de prononcer son éventuelle inculpation ou sa libération.

"Je suis mieux traité maintenant"

Lors de son arrestation, le 23 janvier, le journaliste était en possession d'un appareil photo avec lequel il avait pris des clichés du QG des services de renseignement irakiens, ainsi que de barrages de la police et de l'armée, ce qui est formellement interdit sans autorisation, selon une source judiciaire.

Habillé d'un blouson et d'un jean, Nadir Dendoune, également détenteur des nationalités algérienne et australienne, est apparu menotté à son arrivée à la Cour pénale dans la zone verte, le secteur ultra-protégé de la capitale irakienne.

Portant une barbe de trois jours, amaigri, il a assuré à un journaliste de l'AFP présent sur place qu'il "essaye de garder le moral". "Ce n'est pas si simple. Mais je suis mieux traité maintenant", a-t-il ajouté.

Huis clos

Un garde lui a ensuite retiré les menottes, avant qu'il ne pénètre dans le bureau du juge où la comparution s'est déroulée pendant une trentaine de minutes à huis clos, en présence notamment du consul de France et de son avocat, Nama al-Roubaiye.

Le reporter a pu "donner sa version des faits" durant sa comparution, selon un témoin qui a requis l'anonymat. "Il est apparu cohérent bien qu'affaibli".

Interrogé, le juge d'instruction en charge du dossier a indiqué qu'il allait "étudier attentivement les dires (de Nadir Dendoune). Nous allons le maintenir en détention jusqu'à la fin de l'enquête". Le magistrat, dont le nom ne peut être révélé en vertu de la loi irakienne, n'était pas en mesure de dire combien de temps le processus pourrait prendre. 

Le journaliste a "joui de tous ses droits. L'audition s'est déroulée dans la transparence. Il a pu s'exprimer et se défendre comme il l'entendait. Nous avons demandé sa remise en liberté", a expliqué son avocat.

"Il devrait être pardonné"

Nadir Dendoune s'était rendu à Bagdad pour y réaliser des reportages en vue du dixième anniversaire de l'invasion de l'Irak, le 20 mars 2003, au cours de laquelle il avait été bouclier humain pour protester contre les frappes alliées.

Il disposait d'un visa de presse et d'une lettre de mission du mensuel Le Monde diplomatique, selon son comité de soutien. Il a été arrêté alors qu'il se rendait vers une usine de traitement d'eau dans le quartier de Dora, au sud de Bagdad.

Pour Me Roubaiye, le journaliste "ne faisait qu'exercer son activité journalistique. Il n'avait nullement l'intention d'enfreindre la loi". "En fait, Nadir Dendoune ne savait pas qu'il fallait une autorisation pour prendre des photos d'installations liées à la sécurité", a-t-il ajouté.

Sollicité par l'AFP à l'issue de la comparution, le président du Syndicat des journalistes irakiens Mouayyed Al-Lami, qui suit le dossier de près, a dit penser que Nadir Dendoune avait "commis une erreur, mais qu'il devrait être pardonné".