BFMTV
Afghanistan

Les talibans interdisent aux Afghanes de travailler pour l'ONU dans tout le pays

Une femme marche devant une université afghane dans la province de Kandahar, le 21 décembre 2022 (photo d'illustration)

Une femme marche devant une université afghane dans la province de Kandahar, le 21 décembre 2022 (photo d'illustration) - STRINGER / AFP

Le porte-parole de l'ONU a dénoncé une décision "inacceptable et franchement inconcevable". Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans multiplient les mesures liberticides.

Les talibans ont étendu aux Afghanes employées par l'ONU, "essentielles" pour la distribution de l'aide humanitaire, l'interdiction de travailler dans tout le pays, a annoncé mardi le porte-parole de l'ONU.

Il a dénoncé une décision "inacceptable et franchement inconcevable".

La mission des Nations unies dans le pays (Manua) avait indiqué plus tôt dans la journée que les employées afghanes de l'ONU, jusqu'ici épargnées par ce type de mesures restrictives, avaient été empêchées de travailler dans la province de Nangarhar, dans l'est de l'Afghanistan.

Une interdiction "inacceptable" et "inconcevable"

"La Manua a entendu parler d'un ordre des autorités de facto qui interdisent aux employées nationales de l'ONU de travailler" et "on nous a dit par différents canaux que l'interdiction s'applique à tout le pays", a déclaré à la presse le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Stéphane Dujarric.

Notant qu'aucun ordre écrit n'avait été reçu à ce stade, il a précisé que des responsables de l'ONU devaient rencontrer les autorités mercredi à Kaboul pour tenter d'obtenir de la "clarté".

Il a dénoncé la volonté de "saper les capacités des organisations humanitaires d'aider ceux qui en ont le plus besoin".

Le 24 décembre 2022, le ministère afghan de l' Économie avait annoncé que les 1.260 ONG exerçant dans le pays avaient désormais interdiction de travailler avec des femmes afghanes, en raison de "graves plaintes" quant au non-respect du port du hijab, qui doit couvrir entièrement le corps et le visage. L'ONU n'était toutefois pas concernée.

Multiplication de mesures liberticides envers les femmes

Dans un discours prononcé devant le Conseil de sécurité des Nations unies le 8 mars, Journée internationale des femmes, la cheffe de la Manua, Rosa Otounbaïeva, avait néanmoins fait part de ses inquiétudes.

"Nous craignons également que le personnel féminin national travaillant pour les Nations unies soit également interdit", avait-elle déclaré.

Au lendemain de l'interdiction, plusieurs ONG avaient annoncé qu'elles suspendaient leurs activités, avant de reprendre mi-janvier leurs activités avec l'appui de leur personnel féminin dans quelques secteurs bénéficiant d'exemptions comme la santé et la nutrition.

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans sont revenus à l'interprétation austère de l'islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir (1996-2001) et ont multiplié les mesures liberticides à l'encontre des femmes.

L.D. avec AFP