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Afghanistan

Afghanistan: un enseignant ayant dénoncé l'interdiction des études pour les femmes a été libéré

Des femmes et écolières afghanes manifestent à Kaboul contre la  décision prise par les talibans de fermer l'enseignement secondaire aux filles, le 26 mars 2022

Des femmes et écolières afghanes manifestent à Kaboul contre la décision prise par les talibans de fermer l'enseignement secondaire aux filles, le 26 mars 2022 - Ahmad SAHEL ARMAN © 2019 AFP

Un professeur d'université afghan, qui avait été arrêté par les talibans après avoir condamné l'interdiction faite aux femmes de son pays d'étudier, a été libéré après 32 jours de captivité.

"Je peux confirmer qu'il a été libéré, hier (dimanche) et qu'il va bien", a annoncé à l'AFP par téléphone Farid Ahmad Fazli, assistant d'Ismail Mashal, un professeur d'université afghan arrêté le 2 février par les talibans après avoir dénoncé l'interdiction des études pour les femmes dans son pays.

Selon son assistant, le professeur est "en bonne santé", mais "pas en état de parler pour le moment" aux journalistes, après 32 jours de captivité.

Diplômes déchirés à la télévision

Ismail Mashal, professeur de journalisme chevronné, avait provoqué une tempête en déchirant ses diplômes à la télévision en décembre, afin de protester contre un décret gouvernemental interdisant l'enseignement supérieur aux femmes. Dans un Afghanistan profondément conservateur et patriarcal, il est rare de voir un homme protester en faveur des femmes.

"J'élève la voix. Je suis debout avec mes sœurs (étudiantes). Ma protestation continuera même si cela me coûte la vie", avait expliqué Ismail Mashal lors d'un entretien à l'AFP.

L'enseignant, qui avait également démissionné de trois universités privées de Kaboul, avait été filmé par les télévisions locales poussant un chariot rempli de livres dans les rues de la capitale et les offrant aux passants.

Il a "été battu sans pitié et emmené de manière très irrespectueuse par des membres de l'Émirat islamique", le nom officiel du régime taliban, avait indiqué au lendemain de son arrestation Farid Ahmad Fazli.

"Actes provocateurs contre le système"

"Le professeur Mashal s'est livré depuis quelque temps à des actes provocateurs contre le système", avait tweeté Abdul Haq Hammad, directeur au ministère de l'Information et de la Culture, confirmant que les services de sécurité avaient emmené l'enseignant "pour une enquête".

L'arrestation et la détention de militants comme Mashal "suscitent la peur" au sein de la population et ont "un effet dissuasif sur la jouissance globale des libertés fondamentales", a déclaré lundi le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'Homme en Afghanistan, Richard Bennett, dans une déclaration devant le Conseil.

Lundi, les universités afghanes ont rouvert leurs portes après une pause hivernale, mais uniquement pour les hommes, les femmes n'ayant toujours pas le droit d'assister aux cours. L'interdiction de fréquenter l'université est l'une des nombreuses restrictions imposées aux femmes depuis que les talibans ont repris le pouvoir en août 2021.

Les autorités talibanes ont écarté progressivement les femmes de la vie publique. Les écoles secondaires leurs sont fermées depuis plus un an et demi et elles sont nombreuses à avoir perdu leur emploi dans les secteurs publics. Depuis novembre, elles n'ont également plus le droit de se rendre dans les parcs, les gymnases et les bains publics.

M.L avec AFP