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Guerre en Ukraine: comment peuvent réagir les Occidentaux?

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, le 22 février 2022 à Bruxelles

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, le 22 février 2022 à Bruxelles - JOHN THYS © 2019 AFP

L'Union européenne souhaite geler l'ensemble des avoirs russes présents sur son territoire.

La première salve de sanctions n'y aura donc rien fait. Vladimir Poutine a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi le lancement d'une "opération militaire" en Ukraine. Dans la foulée, de nombreuses villes ont été bombardées, dont la capitale Kiev. Faisant fi des menaces occidentales, le maître du Kremlin a décidé de poursuivre son agenda militaire, pour "démilitariser" et "dénazifier" l'Ukraine, comme il l'a justifié.

Dans les chancelleries occidentales, une question se pose. Comment réagir pour freiner l'avancée de Vladimir Poutine en Ukraine? Kiev ne faisant pas partie de l'Otan, les pays membres de l'Alliance atlantique ne sont pas engagés à y intervenir militairement lorsque l'Ukraine est agressée. Joe Biden, le président américain, a d'ailleurs expliqué qu'il n'enverrait pas de troupes américaines sur le sol ukrainien en cas d'invasion russe, comme c'est actuellement le cas.

La Pologne demande l'activation de l'article 4 du traité de l'Otan

Dans les faits, si la solution militaire est exclue, l'arsenal de réponses possibles s'en trouve assez limité.

"Notre marge de manœuvre est assez étroite. On peut juste s'indigner pour l'instant, car Biden a dit qu'il était hors de question d'envoyer des soldats américains sur le sol ukrainien", explique sur le plateau de BFMTV Patrick Martin-Grenier, enseignant à Sciences Po et spécialiste des questions européennes et internationales.

La Pologne, membre de l'Otan et qui partage sa frontière Est avec l'Ukraine, a néanmoins annoncé qu'elle demandait l'activation de l'article 4 du traité de l'Otan, qui prévoit des consultations en cas de menace à la sécurité de l'une des parties.

"La réaction de la Pologne est très significative. Elle demande une consultation, car elle sent que sa souveraineté, sa sécurité sont en danger, compte tenu de ce qu'il se passe en Ukraine. Quand un pays de l'alliance se sent menacé à cause de ce qu'il se passe à ses frontières, il peut consulter", détaille Ulysse Gosset, éditorialiste politique internationale pour BFMTV.

Ce jeudi, d'importantes réunions vont avoir lieu pour décider de l'attitude à adopter face à l'agression de l'Ukraine par la Russie. Les ambassadeurs des 30 pays membres de l'Otan vont se réunir en urgence jeudi matin à Bruxelles. Le chef de l'Otan Jens Stoltenberg doit tenir une conférence de presse vers 12h30.

Frapper au portefeuille

Le G7, qui compte parmi ses membres la France, mais également les États-Unis et le Royaume-Uni, doit également se réunir ce jeudi, tout comme le Conseil européen, qui réunit les différents chefs d'États de l'Union européenne.

"Ils doivent adopter une deuxième salve de sanctions, qui seront plus dures et qui vont toucher la famille Poutine, sa fortune, et le système financier international qui va empêcher la Russie de commercer comme avant", continue Ulysse Gosset.

Sur la table, sera notamment discutée l'exclusion de la Russie du système financier Swift, qualifiée "d'arme nucléaire" de par les conséquences qu'elle aurait sur l'économie russe. Une telle exclusion avait déjà été prononcée contre l'Iran, après le développement d'armes nucléaires par le pays perse.

Invité de BFMTV-RMC ce jeudi matin, Raphaël Glucksmann, eurodéputé Place publique, a ainsi appelé à frapper financièrement Vladimir Poutine, ainsi que les oligarques qui l'entourent.

"Il faut arrêter cette hypocrisie qui consiste à autoriser les yachts d'oligarques russes à mouiller dans nos ports. Il faut saisir les chalets, les villas sur la Côte d'Azur, il faut prendre les appartements dans le 8e arrondissement de Paris. Il faut saisir leurs biens et leurs avoirs. Il faut frapper fort au portefeuille", a-t-il expliqué.

Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a déclaré ce jeudi: "Les sanctions viseront des secteurs stratégiques de l'économie russe. Nous allons geler les avoirs russes dans l'UE et bloquer l'accès des banques russes à notre marché financier. Ceci est conçu pour peser lourdement sur la capacité du Kremlin à financer la guerre".

Fournir des armes à l'Ukraine

Quant à Bernard Guetta, eurodéputé du groupe "Renaissance", il a estimé sur BFMTV qu'il fallait donner à l'Ukraine les armes nécessaires à sa défense.

"J'aurais vraiment une demande pressante à notre président: il faut appeler nos partenaires, pour que nous décidions ensemble d'armer l'Ukraine. (...) Ne pas armer l'Ukraine serait un crime".
Jules Fresard