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Ukraine: coups de foudre amoureux sur les barricades de Maïdan

Des jeunes mariés s'embrassent sur la place de l'Indépendance, à Kiev, le 21 décembre 2013, après un mois de contestation.

Des jeunes mariés s'embrassent sur la place de l'Indépendance, à Kiev, le 21 décembre 2013, après un mois de contestation. - -

Une jeune journaliste et manifestante du Maïdan a raconté, sur le plateau d'une télévision ukrainienne, son histoire d'amour avec un policier qui lui faisait face sur les barricades, à Kiev. Si leur histoire s'est soldée par un échec, beaucoup de couples se sont formés pendant le mouvement de révolte ukrainien.

De la haine à l'amour, il n'y a qu'un pas, et vice versa. Lidia Pankiv, une journaliste et opposante au régime du président déchu Viktor Ianoukovitch a raconté à la télévision ukrainienne, vendredi dernier, comment son histoire d'amour avec un policier, entamée sur les barricades de Kiev en décembre, au début du mouvement de révolte, a finalement pris fin.

Coup de foudre sur Maïdan

A l'époque, l'histoire de la rencontre de ces deux jeunes gens que tout semblait opposer avait fait le tour des médias ukrainiens. Tout avait commencé le 11 décembre, lorsque le policier avait avoué ses sentiments à la jeune femme, par texto, après l'avoir entendue donner son numéro à quelqu'un, sur les barricades. "Je me souviens de ton numéro, pas de ton nom. J'étais en face de toi avec un bouclier. J'ai réalisé que je voulais t'épouser", lui avait-il écrit. Ce à quoi Lidia avait répondu: "Il te faudra d'abord baisser ton bouclier", avant d'accepter de revoir le policier ailleurs que sur Maïdan, comme elle l'avait elle même raconté au Kyiv Post.

"Je déteste tout ce qu'il représente"

Vendredi, alors qu'elle était invitée à raconter les suites de cette histoire sur la chaîne de télévision Inter, Lidia Pankiv a, contre toute attente, annoncé la fin de leur idylle. "Vous voulez probablement entendre comment un officier du Berkout [nom des policiers antiémeutes ukrainiens, NDLR] est tombé amoureux de moi et comment je suis tombée amoureuse de lui", a-t-elle lancé sur le plateau, avant d'expliquer qu'elle en est venue à détester son nouvel amour, et "tout ce qu'il représente", au lendemain des affrontements sanglants ayant fait une centaine de morts à Kiev. Lidia a ainsi raconté haïr le président destitué, Viktor Ianoukovitch, le Premier ministre Mykola Azarov, et ceux qui "exécutent leurs ordres criminels" (voir vidéo ci-dessous).

Malgré le trouble provoqué par cette nouvelle version des faits totalement inattendue sur le plateau, Lidia Pankiv a poursuivi sa vindicte en indiquant avoir accepté l'interview car elle était retransmise en direct. Avant de dénoncer la manière dont la chaîne a couvert le mouvement de protestation depuis le mois de novembre. "Je veux juste dire combien je déteste Inter pour avoir menti à ses téléspectateurs pendant trois mois et avoir répandu la haine parmi les citoyens de notre pays", a lancé la journaliste, sous les applaudissements du public présent dans le studio. "Je veux que mes amis morts viennent hanter vos rêves", a-t-elle conclu en brandissant des photos de victimes de la répression policière sur le Maïdan.

"La révolution inspire l'amour"

Si l'histoire d'amour entre Lidia et son policier s'est soldée par un échec, d'autres rencontres sur Maïdan ont connu des dénouements plus réjouissants. Ainsi, le 14 février dernier, jour de la Saint-Valentin, un reportage de l'AFP racontait comment Ioulia, une manifestante de 25 ans qui avait abandonné son travail pour rejoindre le mouvement de révolte, à Kiev, était tombée sous le charme de Bogdan, un infirmier qui l'avait soignée après une blessure sur les barricades, début janvier. Un mois après leur coup de foudre, les deux jeunes gens se mariaient. "La révolution inspire l'amour", avait résumé Ioulia.

Un opposant fait sa demande en mariage sur les barricades de Maïdan, le 2 février 2014.
Un opposant fait sa demande en mariage sur les barricades de Maïdan, le 2 février 2014. © -

Le 2 février, un opposant vêtu de son équipement de combattant, avec casque et gilet pare-balles, avait été vu en train de passer la bague au doigt à une jeune femme, au milieu des barricades (photo ci-contre).

Même destin pour Galina et Olexandre, qui se sont également rencontrés sur la place de l'Indépendance. La contestation les a véritablement rapprochés, au point de s'unir sur cette fameuse place, le 14 février. "Je souhaite aux autres amoureux de se marier", confiait Galina, ce jour-là. Avant de conclure: "Il y a sur le Maïdan une atmosphère particulière qui unit les coeurs".

Adrienne Sigel