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Le Royaume-Uni s'agace des sourciers, toujours utilisés par les entreprises de gestion des eaux

Un sourcier à Chaptuzat (Puy-de-Dôme), le 6 novembre 2004. (Photo d'illustration)

Un sourcier à Chaptuzat (Puy-de-Dôme), le 6 novembre 2004. (Photo d'illustration) - Thierry Zoccolan - AFP

Une scientifique a révélé que dix des douze entreprises de gestion des eaux britanniques utilisaient encore la technique du bâton de sourcier pour trouver des sources et fuites d'eau.

L'organisme britannique de régulation des eaux (Ofwat) aimerait que les entreprises de son secteur cessent de recourir aux baguettes de sourciers pour trouver de l’eau.

Dix des douze entreprises de gestion des eaux au Royaume-Uni ont en effet reconnu qu'elles employaient encore cette technique désuète, jugée inefficace par plusieurs études scientifiques.

L’information a été révélée par la biologiste britannique Sally Le Page. Après que ses parents eurent constaté qu’un ingénieur de Severn Trent Water marchait près de leur maison avec un bâton de sourcier, la chercheuse à l’université d’Oxford s’est mis en tête de contacter toutes les entreprises du secteur.

La méthode consiste le plus souvent à marcher avec un bois en forme de Y entre les mains, qui est censé tourner vers le sol au-dessus d'une source d'eau. Un pendule est parfois utilisé. 

Une seule entreprise épargnée

Une seule entreprise a déclaré qu’elle n’utilisait plus cette technique et une autre, basée en Irlande du Nord, n’a pas répondu aux sollicitations de la scientifique. Les autres entreprises ont non seulement confirmé qu’elles avaient parfois recours aux bâtons de sourcier, mais certaines ont en outre tenté de convaincre leur interlocutrice du bien-fondé de la technique.

Severn Trent Water a ainsi avancé que "certaines méthodes anciennes étaient tout aussi efficaces que les nouvelles", précisant qu’ils utilisaient aussi des drones et des satellites. "Si vous avez déjà essayé de trouver un tuyau sous-terrain, vous saurez que cela peut être très difficile, vous êtes prêts à tout", a argumenté Anglian Water, qui s’est dite prête à l’accueillir pour une démonstration.

"Ce n’est pas une technique, c’est de la sorcellerie", coupe tout net Christopher Hassall, spécialiste en gestion des eaux à l’université de Leeds. "Nous travaillons avec les entreprises pour améliorer la durabilité des ressources d’eau potable et c’est frustrant de voir que des pratiques très étranges ont encore cours dans ces mêmes entreprises", s’agace-t-il auprès du Guardian. "Ce sont des pratiques qui ne sont pas prouvées et qui gâchent du temps et de l’argent."

"Bien que la manière de délivrer leurs services soit une décision qui revient individuellement aux entreprises, nous attendons d’elles qu’elles soient très vigilantes à utiliser les outils et ressources les plus efficaces et les plus avantageuses en termes de coût", réagit un porte-parole de l’organisme de régulation des eaux.

"A terme, toute entreprise qui ne sera pas en mesure de tenir ses engagements envers ses clients écopera d’une amende", ajoute-t-il.

Liv Audigane