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"Que Giulia soit la dernière": la soeur d'une Italienne tuée dans un potentiel féminicide appelle à "renverser le système"

Une voiture de police italienne (Photo d'illustration)

Une voiture de police italienne (Photo d'illustration) - Andreas SOLARO / AFP

Le corps de Giulia Cecchettin a été retrouvé samedi 18 novembre dans un ravin, au nord de Venise. Son ex-petit ami Filippo Turetta a été interpellé dimanche en Allemagne, soupçonné de l'avoir tuée.

Une responsabilité collective, selon la jeune femme. Elena Cecchettin, soeur de Giulia Cecchettin, cette jeune Italienne dont le corps a été retrouvé samedi au nord de Venise dans le cadre d'un possible féminicide, lance un appel dans une lettre ouverte publiée ce lundi 20 novembre dans Le Corriere della sera. Refusant une habituelle "minute de silence" en la mémoire de la disparue, elle appelle à "renverser le système" et pointe la responsabilité de l'ensemble de la société dans la mort de sa soeur.

"Le féminicide est un meurtre d'État, car l'État ne nous protège pas. Le féminicide n'est pas un crime passionnel, c'est un crime de pouvoir", dénonce-t-elle.

Samedi, le corps de Giulia Cecchettin a été retrouvé dans un ravin près du lac Barcis, à une centaine de kilomètres au nord de Venise. La jeune femme avait la tête et le cou lardés de coups de couteau. Son ex petit-ami Filippo Turetta a été interpellé en Allemagne dimanche après une chasse à l'homme qui a fait la Une des journaux italiens.

La conséquence d'une "société patriarcale"

Refusant de qualifier l'homme suspecté d'avoir tué sa soeur de "monstre", Elena Cecchetin estime que la mort de sa soeur n'est pas le fait de la folie d'un individu isolé, mais la conséquence d'une "société patriarcale".

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Ces hommes qui tuent des femmes "ne sont pas malades", estime-t-elle, "ce sont des enfants sains du patriarcat, de la culture du viol".

Elle dénonce ainsi la société italienne qui "légitime tous les comportements qui nuisent aux femmes".

Un appel aux hommes à être acteurs de ce changement

À partir de cette analyse, elle lance un appel: "pour Giulia, ne faites pas une minute de silence, pour Giulia brûlez tout". Des propos virulents qu'elle explique ensuite en interview sur la chaîne italienne Rete 4.

"Renversez ce système qui fait que des gens se retrouvent en difficulté et faites en sorte que Giulia soit la dernière", clame-t-elle.

Et de fait, dans sa lettre ouverte, elle ne se contente pas de dresser un état des lieux, mais appelle les hommes italiens à agir. "Il incombe aux hommes, compte tenu de leurs privilèges et de leur pouvoir, d'éduquer et d'interpeller leurs amis et collègues dès qu'ils entendent la moindre allusion à la violence sexiste", interpelle-t-elle.

"Dites-le à cet ami qui contrôle le téléphone de sa copine, dites-le à ce collègue qui harcèle les passantes, soyez hostiles à ces comportements acceptés par la société qui ne sont rien d'autre que le prélude au féminicide", estime-t-elle.

Prévenir les violences sexistes à l'échelle nationale

Elle détaille également les mesures que le gouvernement italien devrait selon elle mettre en place.

"Nous avons besoin d'une éducation sexuelle et affective généralisée, nous devons enseigner que l'amour n'est pas une possession", demande-t-elle.

Elle réclame également que l'État italien "finance des centres anti-violence" et qu'il offre "à ceux qui en ont besoin la possibilité de demander de l'aide" afin de soutenir les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles.

Depuis le début de l'année, 102 homicides dont la victime était une femme ont été recensés en Italie, dont 82 commis par un membre de la famille ou un partenaire, selon le ministère de l'Intérieur.

Juliette Desmonceaux