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Italie: Beppe Grillo ne rentre pas dans le rang

Beppe Grillo, leader non-candidat du mouvement 5 étoiles, lundi 25 février

Beppe Grillo, leader non-candidat du mouvement 5 étoiles, lundi 25 février - -

Une campagne axée sur le rejet de la politique traditionnelle qui se transforme en un immense succès. Ce mardi Beppe Grillo a réfuté toute alliance avec la gauche mais assure que son mouvement tranchera en fonction de la compatibilité des projets avec ses idées.

"Beppe Grillo et son mouvement sont la première force politique du pays". A l’heure où se dessine l’hypothèse d‘une large coalition de transition entre Bersani, Monti, et Berlusconi à laquelle il est opposé, le "clown" est bien le vainqueur des élections générales du week-end en Italie, rappelle le chercheur Pierre Musso.

Avec un quart des suffrages à la chambre des députés comme au Sénat, le pari de l’ancien comique est un "succès politique incroyable", renchérit Fabio Liberti, chercheur à l’IRIS.

Avec une stratégie axée sur le discrédit de la classe dirigeante, à l’instar d’un certain Berlusconi en 1994, Beppe Grillo a su toucher l'électorat avec sa démocratie directe, fragmenter le vote italien habituellement bipolarisé, et conduire à une instabilité inquiétante.

Pourtant, la stratégie du mouvement 5 étoiles est une "énorme inconnue", estime Fabio Liberti. Car nul doute que les élus du mouvement seront courtisés.

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"En participant aux élections, Beppe Grillo et le mouvement 5 étoiles se trouvent dans l’obligation de s’institutionnaliser", prévoit Pierre Musso, car avec 110 députés et 58 sénateurs, ils ont beau prôner la démocratie directe, dans la pratique ce ne sera pas le cas, ils devront siéger aux côtés des partis classiques".

Anti-politiciens et anti-austérité

Maintenant élus, les hommes de Beppe Grillo courent le risque de jouer le jeu politicien. D'autant plus que leur leader, condamné pour homocide involontaire dans les années 80, n'était pas candidat et ne pourra pas organiser les troupes de l'intérieur.

"Rentrer dans le rang, ce serait une perte de légitimité, estime Fabio Liberti, mais se pose aujourd’hui la question de leur responsabilité politique." Construire sur le succès ou continuer à dénigrer? "Nous ne sommes pas contre tout le monde, prévient-il, nous allons voir, réforme par réforme, loi par loi. S'il y a des propositions qui sont compatibles avec notre programme, nous allons les évaluer".

Un des points d'achoppement pourrait porter sur les questions européennes. "Beppe Grillo pourrait ainsi défendre l’idée d’un referendum à la grecque, sur une question ‘Pour ou contre la zone euro’", imagine Fabio Liberti. "L’électorat de Grillo et partiellement celui de Bersculoni sont anti-européens", confirme Pierre Musso.

Un parti comme les autres ?

Pour le reste, le parti de Beppe Grillo sera-t-il un parti comme les autres ? Maura Calabresi du quotidien transalpin La Stampa demande de traiter le mouvement 5 étoiles "comme une ressource et non comme un ennemi".

Pas sûr que Beppe Grillo, qui a grillé des voix à la gauche comme à la droite, accepte lui d’être utilisé de la sorte. Dans une interview lundi soir, il a prédit que les partis politiques traditionnels ne dureraient "pas plus de sept ou huit mois. Ils sont là depuis 25 ans et ils ont conduit le pays à la catastrophe. Le problème de l'Italie, ce sont ces gens-là". L'opposant ne veut pas rentrer dans le rang.

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