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Italie: vers une large coalition de transition ?

Pierluigi Bersani

Pierluigi Bersani - -

Nouveau vote, gouvernement minoritaire ou large coalition : toutes les options pour gouverner l'Italie sont encore envisageables au lendemain des élections générales où seul Beppe Grillo sort renforcé.

La situation est-elle inextricable en Italie ? Depuis les années 1990, le bipolarisme des élections (droite ou gauche) avait préservé le pays de ce type de cas de figure. Mais mardi soir, les résultats des législatives, on plonger le pays dans une combinaison politique quasi-ingouvernable. L'emergence du comique Beppe Grillo a fragmenté le vote et les deux partis majeurs ne représentent que 60% des suffrages exprimés.

En tête à la Chambre des députés, le candidat de centre-gauche Pierluigi Bersani ne dispose donc pas d’une majorité suffisante, même en s’alliant avec le Premier ministre sortant centriste Mario Monti, pour constituer un gouvernement.

Le 15 mars prochain, le président de la République Giorgio Napolitano devra toutefois nommer un Premier ministre et une équipe dirigeante issue des consultations menées par Pierluigi Bersani.

Quelles sont les options possibles ? Eléments de réponses avec les spécialistes Pierre Musso et Fabio Liberti.

> 1ère option : une large coalition

Aujourd'hui, "la sortie de crise la plus probable est une grande coalition entre le centre-gauche de Pierluigi Bersani, le centre de Mario Monti et la droite de Silvio Berslusconi", analyse le philosophe Pierre Musso, auteur de Berlusconi, le nouveau prince. Silvio Berlusconi s’est d’ores et déjà dit ouvert à des discussions pour intégrer sa formation politique à un large gouvernement. "Bersani va lui proposer une haute fonction dans l’organigramme car son ambition est de finir sa carrière politique par le haut", prévoit-il.

Une alliance de raison qui "rassurerait les marchés et l'Europe, précise Fabio Liberti, chercheur à l’IRIS, alors que les premiers dégringolent et que les seconds appellent à une solution rapide. "Ce serait un gouvernement de consensus politique comme le gouvernement de Mario Monti en était un technique." Un governicchio, un petit gouvernement aux ambitions cadrées dès l'origine et sans ambition à long terme.

Car, si elle voit le jour, "cette grande coalition pourrait avoir voir une durée de vie courte, d’une année environ, le temps de réformer le système électoral italien qui est la cause de l’instabilité", estime Pierre Musso.

D'autant que l’hypothèse d’un gouvernement minoritaire conduit uniquement par Pierluigi Bersani et son camp centre-gauche est "impensable car la situation serait encore plus instable", prévient Fabio Liberti.

> 2e option : un rapide nouveau vote favorable à Grillo...

Cette "grande coalition" aurait toutefois pour effet de renforcer le seul réel vainqueur du scrutin italien, le chef du mouvement 5 Etoiles, Beppe Grillo. "C’est lui ouvrir un boulevard, s’exclame Fabio Liberti, Grillo a fait campagne sur le ‘tous pourris’, le rapprochement des différents bords accréditerait sa thèse". En Italie, selon un sondage effectué avant le scrution, moins de 10% de la population a confiance en ses représentants.

"Beppe Grillo a déjà refusé toute alliance et c’est normal, explique Pierre Musso, il doit garder une cohérence sous peine de disparaître. C’est pour cela que je ne crois pas que ses élus puissent participer à la grande coalition comme s'associer un gouvernement de gauche ou de droite". "Ceux qui s'y sont risqués après les élections locales de 2012 ont été virés", rappelle Liberti.

Le projet d'une coalition large pourrait aussi "dégonfler le vote Grillo", pointe Pierre Musso. Mais il faudrait pour cela répondre au rejet de la "caste politique" en réduisant les frais, comme le nombre, des élus politiques.

L'autre solution serait de revoter. Mais "si de nouvelles élections avaient lieu trop rapidement le résultat serait sensiblement le même, voire meilleur pour Beppe Grillo", poursuit le spécialiste.

Un nouveau vote serait donc stratégiquement mauvais donc mais techniquement possible si Pierluigi Bersani ne parvient pas à façonner un gouvernement et que Giorgio Napolitano est contraint à la dissolution.

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