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Grèce: Syriza gagnant annoncé des élections législatives

La seule incertitude de ces élections législatives en Grèce est de savoir si Syriza remportera la majorité absolue.

La seule incertitude de ces élections législatives en Grèce est de savoir si Syriza remportera la majorité absolue. - Aris Messinis - AFP

Sondages, soutiens... Plus rien ne semble empêcher, Alexis Tsipras, l'homme fort du parti de gauche radicale Syriza, de devenir le chef du gouvernement grec au terme des élections législatives de dimanche. Pour la première fois en Europe, un mouvement anti-austérité pourrait prendre la tête d'un Etat.

La Grèce à un tournant historique? Les Grecs sont appelés aux urnes ce dimanche. Ces élections législatives anticipées doivent permettre au pays de sortir d'une crise politique engendrée par l'incapacité du Parlement à trouver un accord pour élire un président de la République. Mais au-delà de cette crise interne, cet épisode aura très certainement un impact sur la place de la Grèce dans l'Union européenne.

Car tout laisse à penser que ces élections législatives pourraient porter au pouvoir le parti de gauche radicale Syriza, hostile à la politique d'austérité imposée par l'Union européenne. Déjà vendredi, le leader de Syriza, Alexis Tsipras, appelait les Grecs à lui donner "la majorité absolue" afin de pouvoir avoir "les mains libres pour négocier" avec les créanciers du pays, autrement dit la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI.

Près de 35% d'intentions de vote

En démontre la quasi-totalité des sondages qui placent Syriza en tête, devant le parti conservateur au pouvoir, Nouvelle Démocratie, ce souhait du parti de gauche radicale pourrait bien se réaliser. Jeudi soir, selon les enquêtes, l'écart allait de deux points (21,1% contre 30,1% selon l'institut Metrisi pour le site Provocateur.gr) à neuf points (30,2% à 20,3% selon Palmos Analysis pour TVWX.gr).

Vendredi soir, selon un tout dernier sondage, Syriza flirtait même avec les 35% d'intentions de vote, un score lui permettant de détenir la majorité absolue au parlement grec et surtout, lui permettant de composer un gouvernement sans avoir recours à des alliances avec d'autres partis. Sur les 300 sièges à conquérir, Syriza devra tenter d'en obtenir 151, alors que 238 sont élus à la proportionnelle dans une soixantaine de circonscriptions.

"La lumière qui vient de Grèce"

Avec un discours anti-austérité, Syriza apparaît pour beaucoup de Grecs comme le seul espoir dans ce pays englué dans une crise économique avec 25% de chômage et que 59% des jeunes ne trouvent pas d'emploi. Depuis 2010, la Grèce est plongée dans l'austérité, incluant coupe budgétaire, augmentation des impôts, privatisations massives, en échange de 240 milliards d'euros de prêt de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne ou du FMI. D'ores et déjà, Syriza a annoncé, qu'en cas de victoire, elle reverrait ses engagements envers Bruxelles, notamment concernant la dette de 175% du PIB, soit plus de 300 milliards d'euros.

La restructuration de la dette publique grecque, position-phare du programme de Syriza, doit s'accompagner de réformes, soutient Ioannis Dragasakis, député et économiste du parti de la gauche radicale. "La restructuration de la dette est l'un des facteurs qui contribueraient à la reprise, l'autre, c'est la nécessité de réaliser des réformes", explique ce cadre historique de Syriza. Une position saluée par les leaders de la gauche de la gauche en Europe. Jean-Luc Mélenchon saluant même "la lumière" qui vient de Grèce et parlant d'un "Printemps européen" des peuples. 

La bourse d'Athènes en hausse

Face à cette victoire annoncée, les autres dirigeants européens optaient en fin de semaine pour un discours de diplomatie et de courtoisie. Même la chancelière allemande Angela Merkel, tenante d'une rigoureuse orthodoxie budgétaire, a constaté vendredi que "la population grecque va choisir de manière libre et indépendante la voie à suivre", et s'est dite "sûre que nous trouverons tranquillement des solutions". Martelant vouloir que "la Grèce, malgré les dualismes et les rivalités, continue à faire partie de notre histoire".

Outre les dirigeants européens, les milieux financiers font à présent le dos rond en attendant dimanche. La Bourse d'Athènes, qui a perdu jusqu'à près d'un quart de sa valeur depuis décembre en vue de l'arrivée de Syriza au pouvoir, prenait même plus de 5% vendredi, après l'annonce la veille par la BCE d'un vaste programme de rachats d'obligations souveraines en Europe.

Justine Chevalier avec AFP