Crash du MH17: une journée de tensions internationales

Les inspecteurs internationaux arrivent en Ukraine alors que les corps des victimes quittent le pays. Mais les tensions entre la Russie et l'Occident pèsent sur l'enquête.

Alors que les rebelles pro-russes ont finalement accepté de remettre les corps des victimes et les boîtes noires à la communauté internationale, les inspecteurs n'ont pas encore pu examiner le site du crash, qui a été altéré. Retour sur cette journée de mardi où les tensions internationales ont pesé sur l'enquête du crash du vol MH17.

> Qui sont les enquêteurs sur place?

Les Pays-Bas ont confirmé aujourd'hui qu'un coordinateur néerlandais avait pris la tête de l'enquête internationale. Si l'Ukraine devrait logiquement chapeauter l'enquête, elle a décidé de céder sa place au pays dont venaient la plupart des passagers du vol MH17.

Aux Néerlandais se joignent des membres américains du FBI, ainsi que des enquêteurs britanniques, australiens et malaisiens. LE président russe Vladimir Poutine, qui craint de voir le gouvernement ukrainien antirusse prendre le contrôle de l'enquête, réclame que celle-ci soit dirigée par l'Organisation de l'aviation civile internationale.

> Quels nouveaux éléments ont été obtenus par les enquêteurs?

Après avoir examiné les corps des victimes hier, les enquêteurs ont obtenu les boîtes noires de l'avion dans la nuit. Elles vont être examinées à Londres.

We've agreed Dutch request for air accident investigators at Farnborough to retrieve data from #MH17 black boxes for international analysis.
— David Cameron (@David_Cameron) 22 Juillet 2014

Les équipes chargées des investigations devraient également examiner le site du crash, pour tenter de déterminer qui, des militaires ukrainiens ou des indépendantistes pro-russes, a tiré le missile qui a abattu l'avion.

> La zone du crash est-elle sécurisée?

Le Premier ministre australien a annoncé mardi que le site avait été altéré "à une échelle industrielle". "Après le crime vient la tentative de maquiller les preuves", a-t-il ajouté.

Depuis le crash, jeudi dernier, la zone est sous le contrôle des rebelles séparatistes prorusses.

> Où sont les corps des victimes?

Le train qui transporte les 282 corps (sur 298 victimes) est arrivé dans la ville de Kharkiv, en Ukraine, contrôlée par le gouvernement ukrainien. Les corps seront ensuite transportés par avion jusqu'aux Pays-Bas, où ils seront identifiés.

Selon le Premier ministre néerlandais, l'identification des victimes pourrait prendre entre quelques jours et plusieurs mois. La liste complète des victimes a été publiée, et le Wall Street Journal a resitué la position de tous les passagers.

Par ailleurs, la journée de mercredi a été décrétée jour "de deuil national" aux Pays-Bas, a indiqué dans un communiqué le ministère de la Justice, soulignant que l'atterrissage des avions transportant les corps serait marqué par une minute de silence à travers le pays.

Dutch government today placed obituary in Dutch papers naming all victims of MH17 http://t.co/TzT71d1EsA pic.twitter.com/Q9xGGQ6iHn
— Kjeld Duits (@KjeldDuits) 22 Juillet 2014

> Une "erreur" commise par "des gens mal entraînés"

C'est en tout cas la thèse avancée par les Etats-Unis. Le vol MH17 a peut-être été abattu "par erreur" par des séparatistes prorusses mal entraînés, selon de hauts responsables des services de renseignement américains. Ils ont également affirmé que l'explication des Russes de la catastrophe, qui suggère fortement la responsabilité de l'Ukraine, "ne tient pas la route", lors d'un point de presse mardi.

> La position de la Russie a-t-elle changé?

Oui. Le pays nie toujours toute implication dans le crash, mais le ministère des Affaires étrangères russe a annoncé son soutien à une "enquête internationale indépendante", ce que Vladimir Poutine lui-même a confirmé mardi après-midi.

Lundi, la communauté internationale avait appelé de ses vœux une enquête internationale; Barack Obama avait notamment demandé à Vladimir Poutine de "forcer les rebelles à coopérer".

Le président russe a riposté ce mardi: si Vladimir Poutine veut bien essayer de faire pression sur les pro-russes, il s'est indigné contre une attaque de blindés des forces ukrainiennes contre Donetsk, ville où les rebelles se sont retranchés. Il exige que le gouvernement ukrainien respecte un cessez-le-feu.

> Quelles sanctions contre la Russie?

L'Union européenne veut imposer des sanctions commerciales à Moscou dans les secteurs de la Défense et des capitaux. Mais cela ne fait pas les affaires de la France, qui compte bien livrer son premier navire porte-hélicoptère Mistral à la Russie coûte que coûte au mois d'octobre.

Après un après-midi de négociations à Bruxelles entre les ministres des affaires étrangères européens, Berlin a annoncé que les sanctions ne concerneraient que les futurs contrats.

J.S avec agences