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Royaume-Uni

Londres, nouvelle victime du terrorisme "low cost"

A Londres, un homme a foncé sur des piétons avec son véhicule avant de poursuivre sa course vers le Parlement où il a tué un policier. Un mode opératoire simple qui produit un retentissement maximal.

Pour l'heure, l'attaque n'a pas été revendiquée mais la piste du "terrorisme islamiste" est privilégiée. Mercredi, un homme a lancé son véhicule sur des passants réunis sur le pont de Westminster avant de poursuivre sa course vers le Parlement où il a encastré son véhicule dans la grille avant de blesser mortellement un policier. Un mode opératoire simpliste, qui nécessite peu de moyens et facilement imitable, déjà vu à plusieurs reprises ces derniers mois en Europe.

"Un véhicule lancé dans la foule de façon délibérée, une cible, symbolique. Une autre attaque délibérée, au couteau cette fois-ci, quelque chose que l’on a déjà vu. Sur qui? Sur un policier, c’est-à-dire un représentant de l’institution", note Dominique Rizet, spécialiste police-justice de BFMTV.

En juillet dernier, Mohamed Lahouaiej Bouhlel lançait un camion sur la foule réunie au soir du 14 juillet sur la promenade des Anglais, à Nice. L'attentat a fait 96 morts. Cinq mois plus tard, le scénario se répète, cette fois-ci, sur le marché de Noël de Berlin, en Allemagne, où 12 personnes ont perdu la vie. Début février, un homme tentait d'attaquer à la machette des militaires au Carrousel du Louvre. Samedi dernier, l'histoire se répète avec l'agression d'une militaire à l'aéroport d'Orly après que son assaillant n'a tiré sur un policier.

"Stratégie globale sérieuse"

Un véhicule, un couteau, un seul assaillant... Les dernières attaques terroristes qui ont frappé l'Europe, cible privilégiée de Daesh, ont nécessité des scénarios simples qui nécessitent que très peu de moyens et d'organisation. "Il semblerait que Daesh n’a plus les moyens d’envoyer des commandos armés comme à Paris", estime Ulysse Gosset, éditorialiste politique étrangère à BFMTV. Mais les terroristes répondent à un appel lancé par les responsables du groupe islamiste.

"Ça s’inscrit dans une logique solide, dans une stratégie globale sérieuse", insiste Gilles Lacaze, ancien membre de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

Cette stratégie s'inscrit notamment dans les consignes envoyées par Daesh. Les responsables de l'organisation terroriste ont appelé très rapidement ses combattants à tuer des Occidentaux dans leur pays. "Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen – en particulier les méchants et sales Français – ou un Australien ou un Canadien, ou tout [...] citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l'État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n'importe quelle manière", déclarait Abou Mohammed al-Adnani, le porte-parole de l'EI, tué en 2016. "Egorgez-le, écrasez-le", proférait-il.

Impossible à anticiper

Depuis quelques mois, Daesh rencontre de sérieux revers, notamment en Irak avec la perte de la ville de Mossoul. Faisant craindre un retour massif de ses combattants en Europe. "Il faut faire attention: il va peut-être y avoir des terroristes qui vont revenir de Syrie et d’Irak, confirme Ulysse Gosset. C’est ce que redoute les services de renseignement." En décembre dernier, le coordinateur de l'Union européenne contre le terrorisme évaluait à 1.750 le nombre de jihadistes qui pourraient revenir.

Ces retours massifs, associé à des modes d'action facile à appliquer et à des jihadistes qui ont pour seul but de semer la terreur, font craindre le pire aux services de renseignements. "On ne peut pas anticiper ce type d’opération. Il est impossible d’empêcher qu’un individu prenne son véhicule et vienne heurter des passants sur un trottoir ou prenne une arme blanche pour aller poignarder un voisin ou une personne dans la rue, constate Frédéric Gallois, l'ancien patron du GIGN.

Et de conclure: "La seule capacité que l’Etat peut avoir, c’est d’accélérer la réaction des forces de sécurité."

Justine Chevalier