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Installée au Royaume-Uni, une Espagnole refoulée à la frontière après avoir quitté le territoire pour Noël

La police britannique - Image d'illustration

La police britannique - Image d'illustration - Daniel Leal-Olivas - AFP

L'Espagnole de 34 ans, vivant au Royaume-Uni, a passé une nuit à l'aéroport de Luton le 26 décembre et a été rapatriée en Espagne par avion malgré la présentation d'un document attestant de son droit.

Refoulée à la frontière. Une Espagnole de 34 ans, vivant au Royaume-Uni avec son mari, n'a pas été autorisée à passer la frontière britannique en revenant de Malaga où elle avait passé Noël.

Malgré les documents attestant son droit de travailler et de vivre dans le pays, les garde-frontières n'ont rien voulu entendre. Après avoir passé la nuit en détention à l'aéroport de Luton le 26 décembre dernier, elle a été rapatriée en Espagne par avion.

"Je suis rentrée chez moi (en Espagne, ndlr) parce que ma sœur avait une petite fille et littéralement quatre jours plus tard, à l'aéroport de Luton, ils m'ont emmenée à la salle de détention, ont pris mes affaires et mon téléphone et m'ont dit d'attendre là-bas", a détaillé Maria, dont l'identité a été modifiée, au Guardian. "Je suis restée là toute la nuit, puis j'ai été mise dans un avion".

Elle explique qu'on lui a notifié "qu'elle perdait son temps" et que ses documents "n'étaient pas valides". Ce qu'elle dément.

Des procédures compliquées par le Brexit

Depuis le Brexit, effectif le 31 janvier 2020, les citoyens de l'UE rencontrent certaines difficultés à renouveler leur titre de séjour. Maria avait postulé de manière tardive au programme de règlement de l'UE - pour continuer à vivre au Royaume-Uni - en 2023.

Le gouvernement britannique précise en effet sur son site que "la date limite pour la plupart des personnes pour postuler au programme d'établissement de l'UE était le 30 juin 2021", sauf si la personne dispose déjà "d'un statut pré-installé".

L'Espagnole avait vécu au Royaume-Uni de 2014 à 2018 avant de partir en Afrique du Sud rejoindre son mari qui terminait son doctorat. Elle est revenue après la pandémie de Covid-19.

Selon l'accord de retrait, elle est autorisée à déposer une demande tardive si elle démontre que sa rupture avec le Royaume-Uni n'a pas été trop longue et n'a donc pas invalidé ses droits.

La demande de Maria a pourtant été refusée en juin. Elle a demandé un réexamen administratif de la décision. En attendant, elle dispose d'un certificat de demande (CoA) du ministère de l'Intérieur qui stipule qu'elle peut "travailler au Royaume-Uni jusqu'à ce qu'elle reçoive une décision concernant sa demande d'adhésion au programme d'établissement de l'UE".

Les garde-frontières l'ont pourtant empêchée d'entrer sur le territoire britannique au motif que "sa demande d'EUSS (programme d'établissement de l'UE, ndlr) avait été refusée".

"Toutes mes affaires sont au Royaume-Uni"

"J’étais censée retourner au travail, mais maintenant ma vie est finie. Toutes mes affaires sont au Royaume-Uni: mon chien, ma voiture. Je faisais cet apprentissage d'infirmière vétérinaire, c'était mon rêve", explique cette ancienne désigneuse installée avec son mari et ses beaux-parents dans le Bedfordshire.

N'ayant pas le droit de retenter de passer la frontière britannique avant un mois, elle a saisi un avocat.

Par ailleurs, un député travailliste de la circonscription de Mid Bedfordshire, Alistair Strathern, a déclaré se pencher sur la question. "Il est vraiment important, si nos frontières doivent être sécurisées et si les gens doivent avoir confiance dans les agents frontaliers, qu'ils soient habilités à agir dans le respect de la loi", a-t-il souligné auprès du Guardian.

"Dans ce cas, il y a eu une défaillance, et je suis plus qu'heureux d'en parler avec le ministère de l’Intérieur."

Ce ministère a affirmé qu'un certificat de demande ne donnait pas à un citoyen de l'UE le droit de voyager à l'intérieur et à l'extérieur du pays. "Les agents peuvent arrêter tout passager à l'arrivée aux fins d'un examen plus approfondi s'ils ne sont pas immédiatement convaincus qu'il est admissible à l'entrée. Cette décision est prise sur la base des informations fournies par le passager et non de sa nationalité", a précisé un porte-parole au média britannique.

"La priorité numéro un de Border Force est de garder nos frontières sûres et sécurisées, et nous ne ferons jamais de compromis sur ce point", a-t-il conclu.

Juliette Brossault