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Russie

Wagner: tensions entre la Pologne et la Biélorussie autour de la présence de soldats à la frontière

Des combattants de Wagner à Rostov

Des combattants de Wagner à Rostov - AFP

La Pologne estime que la Biélorussie a permis à des combattants de Wagner de se rapprocher de sa frontière pour potentiellement s'y engouffrer, ce qu'a démenti ce mardi Alexandre Loukachenko.

L'accueil des mercenaires de la milice Wagner en Biélorussie avait été qualifié de "menace potentielle" pour la Pologne par le président Andrzej Duda à la fin du mois de juin après la tentative de mutinerie contre les dirigeants russes. Ces mots résonnent encore plus fort ces derniers jours alors que les tensions grandissent entre Varsovie et Minsk.

100 soldats de Wagner près de la frontière?

Samedi, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a affirmé que plus de 100 soldats du groupe co-fondé par Evgueni Prigojine se dirigeaient vers la frontière polonaise, sur une fine bande de terre appelée le corridor de Suwalki, entre la Pologne, la Lituanie et la Biélorussie, alliée de Moscou depuis de longues années.

Une information démentie ce mardi par le président biélorusse Alexandre Loukachenko lui-même. "J'ai entendu dire l'autre jour que la Pologne a paniqué, croyant qu'une unité de 100 personnes avait déménagé ici. Aucune unité de Wagner n'a déménagé ici. Et s'ils l'ont fait, ils l'ont fait uniquement pour transmettre leur expérience de combat aux brigades [biélorusses], qui sont stationnées à Brest et Grodno (tout près de la frontière polonaise, NDLR)", a-t-il assuré dans un communiqué.

Pourtant, les renseignements polonais et lituanien, pays membres de l'Otan, y voient une tentative claire de déstabilisation biélorusse. Selon Mateusz Morawiecki, Minsk a tenté d'envoyer des migrants vers l'ouest pour submerger les forces frontalières polonaises. Parmi ces migrants, figureraient même des soldats de Wagner.

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"Ils seront probablement déguisés en gardes-frontières biélorusses et aideront les immigrés illégaux à entrer sur le territoire polonais, déstabiliseront la Pologne, mais ils essaieront aussi probablement de s'infiltrer en Pologne en se faisant passer pour des immigrés illégaux, ce qui crée des risques supplémentaires", a-t-il avancé.

Des troupes polonaises en alerte

Il faut dire que, malgré son démenti ce mardi, le président Loukachenko avait laissé planer le doute sur les intentions des combattants réfugiés dans son pays. Lors d'une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine le 24 juillet dernier, il avait fait sourire en lançant que les hommes de Wagner "demandent à aller vers l'ouest", notamment vers Varsovie, pour une "excursion".

Face à la recrudescence de tensions, le président polonais avait donc décidé de déplacer plus d'un millier de soldats et des dizaines de blindés vers la frontière biélorusse.

Lors d'une réunion organisée vendredi avec son conseil de sécurité, Vladimir Poutine a accusé Varsovie de vouloir envahir la Biélorussie. "Une agression contre la Biélorussie signifierait une agression contre la Fédération de Russie. Et nous y répondrons en utilisant tous les moyens à notre disposition", avait-il dit, dans des propos repris par le Guardian.

Théo Putavy