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Asie

Philippines: six millions de fidèles à Manille, pour la messe du pape François

Le pape François avec une enfant, le 18 janvier à Manille.

Le pape François avec une enfant, le 18 janvier à Manille. - Giuseppe Cacace - AFP

La ferveur religieuse des Philippins ne fait guère de doute alors qu'une foule de six millions de fidèles s'est rassemblée à Manille dimanche, pour assister à la messe célébrée par le pape François.

Une affluence record a été constatée dimanche à Manille pour la messe finale du voyage aux Philippines du pape François. Six millions de personnes ont priés avec le pape, au dernier jour de sa visite dans ce bastion très pieux du catholicisme en Asie.

Une tempête tropicale, qui a causé la mort samedi d'une volontaire de 17 ans, avait contraint le souverain pontife de 78 ans a écourter son programme dans une région dévastée en 2013 par un super typhon, et le mauvais temps était encore de la partie dimanche.

Mais les Philippins sont habitués aux intempéries. Plus de 80% des 100 millions d'habitants pratiquent un catholicisme extrêmement fervent et des millions de personnes étaient déjà dans les rues de la capitale dès le matin.

Jusqu'à six millions de fidèles attendus

Le pape argentin a fait le plein de fidèles venus de l'agglomération mais aussi de tout le pays. D'après l'Eglise philippine, la messe a rassemblé six millions de fidèles, soit davantage que Jean-Paul II en 1995, lorsqu'il avait réuni jusqu'à cinq millions de Philippins.

La messe finale à Rizal Park a permis à François de relancer chacun des thèmes forts des précédentes rencontres qu'il a eu depuis jeudi: il a insisté sur la lutte contre les inégalités et la corruption, une plaie aux Philippines.

Il a appelé avec énergie la classe politique riche et catholique, et la hiérarchie de l'Eglise, à s'engager davantage pour les pauvres. Il n'a pas ménagé ses critiques contre le manque de respect des pauvres dans la société philippine.

Le pape a également mis en garde contre le "relativisme" et le matérialisme de la société de consommation à l'américaine alors qu'il a vigoureusement défendu les valeurs traditionnelles de la famille philippines, qu'il voit comme un fondement social fondamental de la société et un rempart contre l'individualisme du chacun pour soi.

"Pleurer" pour les enfants des rues

Dans la matinée, devant 30.000 jeunes, François a appelé à la "compassion" pour la souffrance des enfants des rues qui sont victimes de la prostitution et de la drogue, consolant une adolescente qui s'émouvait de leur destin tragique.

Glyzelle Aries Palomar, 12 ans, une jeune fille secourue par une association, a éclaté en larmes quand elle a demandé au pape pourquoi il y avait "si peu de gens qui aident ces enfants qui vivent des choses terribles comme la drogue et la prostitution ?" "Pourquoi Dieu permet-il ces choses, quand les enfants n'ont commis aucune faute ?", a-t-elle lancé.

Lui caressant la tête, ainsi qu'à un autre adolescent venu de la rue, le pape a appelé le monde à "pleurer" pour les enfants victimes. "Avons-nous appris à pleurer pour les enfants qui se droguent, qui endurent la prostitution? Si nous n'apprenons pas à pleurer, nous ne pouvons pas être bons chrétiens", a-t-il martelé, le visage grave.

Quelque 40.000 soldats mobilisés

En attendant, la sécurité est au coeur des préoccupations des autorités philippines, pour ce second périple en Asie du pape après son voyage en Corée du Sud.

Plus de 40.000 soldats et policiers ont été déployés dans l'archipel, constituant des cordons pour laisser ses itinéraires dégagés. Le pape est attaché aux bains de foule et n'a pas voulu rejoindre le Rizal en hélicoptère, comme l'avait fait Jean Paul II en 1995.

Le courant passe entre François et les Philippins. Son style chaleureux, ses messages sur les inégalités, sur la dévotion populaire, sur l'importance des liens familiaux, concourent à sa popularité.

D. N. avec AFP