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Amérique du Nord

#MeAt14: un hashtag pour rappeler qu'une fille de 14 ans ne peut pas consentir à un acte sexuel

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - Pascal Lachenaud-AFP

Après #MeToo et #Balancetonporc, #MeAt14. Des Américaines postent depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux une photo d'elles à l'âge de 14 ans et présentent en quelques mots l'adolescente qu'elles étaient, pour rappeler qu'une jeune fille de cet âge reste une enfant et ne peut donner son consentement sexuel.

Rappeler qu'une mineure est trop jeune pour être sexuellement consentante. Alors qu'un homme accusé d'avoir violé une enfant de 11 ans a été acquitté aux assises de Melun et que la notion de non-consentement et de contrainte chez les mineurs de moins de 15 ans fait débat en France, de nombreuses Américaines, célèbres et anonymes, publient depuis plusieurs jours sur Twitter des photos d'elles à l'âge de 14 ans.

L'objectif du hashtag #MeAt14, soit "Moi à 14 ans": évoquer la question du non-consentement et de la contrainte chez les mineurs. Cette mobilisation fait suite aux accusations d'attouchement portées contre un magistrat républicain par une femme qui avait 14 ans au moment des faits.

"Il n'y a pas de consentement à 14 ans"

"Il n'y a pas de consentement à 14 ans. Pas en Alabama. Nulle part", écrit Catherine Lawson pour accompagner une photo d'elle adolescente.

Cette avocate de Caroline du Nord est la première à avoir utilisé le hashtag #MeAt14 ("Moi à 14 ans"), utilisé pour souligner l'innocence des adolescentes de cet âge et pour dénoncer les agissements présumés de Roy Moore, magistrat de l'Alabama et candidat à un très convoité siège de sénateur à Washington.

Ce dernier a été accusé dans The Washington Post d'attouchements par une femme qui avait 14 ans en 1979. Trois autres femmes ont expliqué avoir eu des rendez-vous avec lui, alors qu'elles étaient âgées de 18 ans ou moins, mais pas de contacts sexuels. Lundi, une cinquième femme a témoigné dans The New York Times avoir été victime d'attouchements de la part de Roy Moore quand elle avait 16 ans.

"J'étais innocente"

De nombreuses célébrités ont contribué à cette mobilisation. Lizz Winstead, humoriste et cofondatrice du célèbre Daily Show, a posé la question sur Twitter: "Qui étiez-vous à 14 ans?" 

"C'est moi à 14 ans. J'étais dans l'équipe de gymnastique et chantais à la chorale. Je ne sortais pas avec un homme de 32 ans", a-t-elle écrit en commentaire d'un portrait d'elle adolescente.

"Je vénérais mon frère. J'adorais mon chien, Pucci. J'adorais (le groupe) OMD. J'avais les cheveux longs. J'étais contente. J'étais innocente", a pour sa part témoigné l'actrice Alyssa Milano.

La journaliste Katie Couric a expliqué qu'elle "mangeait de la crème glacée aux pépites de chocolat" et qu'elle ne se préoccupait pas des "avances appuyées d'un homme de 32 ans".

Outre des célébrités, des anonymes ont également fait part de leurs expériences. "Voilà une page de mon journal intime où j'expliquais avoir pleuré à une boum parce que j'avais peur de danser avec des garçons. Pas assez vieille pour consentir à une relation amoureuse avec un adulte", a raconté une internaute.

"Pas assez vieille pour conduire. Pas assez vieille pour travailler sans autorisation. Pas assez vieille pour un voir un film interdit aux moins de 17 ans. Pas assez vieille pour consentir" à une relation avec un adulte, a résumé une autre utilisatrice de Twitter. 

"Moi à 14 ans prête pour un match de basketball, pas pour avoir une relation avec un homme de 30 ans", a tweeté une autre.

"Déjà harcelée sexuellement par des hommes plus âgés"

Dans le même esprit que les précédents hashtags #MeToo et #Balancetonporc, certaines internautes ont raconté l'agression sexuelle dont elles ont été victimes à l'âge de 14 ans.

"J'étais en 3e, en train de surmonter une agression sexuelle. J'étais membre du conseil des étudiants, je voulais devenir docteure, je dessinais tous les jours et mon petit frère de 8 ans était mon meilleur ami. J'ai aussi témoigné contre mon agresseur, ce qui l'a fait condamner à trente ans."

"Trop jeune pour comprendre ce qu'il se passait autour de moi. Déjà harcelée sexuellement par des hommes plus âgés", a tweeté une autre.

"Quand j'avais 14 ans, j'ai eu mon premier baiser lors de mon premier rendez-vous amoureux avec mon premier petit-copain qui avait 15 ans. Et un peu plus tard ce même jour-là, j'ai subi ma première agression sexuelle", a témoigné une utilisatrice du réseau social.

Roy Moore, que de nombreux républicains, y compris le chef de file du Sénat, souhaiteraient voir se retirer de l'élection au profit du sénateur sortant Luther Strange, a nié ces accusations.

Le principe de non-consentement présumé

En France, tout acte sexuel entre un adulte et un mineur de moins de 15 ans est considéré comme une atteinte sexuelle. Une relation sans pénétration est une agression sexuelle, un viol s'il y a eu pénétration. Mais une mineure de 11, comme cela a été le cas à Melun, peut tout à fait être considérée par la justice comme consentante.

Car pour que l'agression sexuelle ou le viol soient reconnus comme tel, le mineur doit prouver que l'acte sexuel a été imposé, sauf pour les enfants en très bas âge, c'est-à-dire jusqu'à 6 ans. Il n'y a pas de consentement en cas de violence, menace, surprise ou contrainte, sachant que la différence d'âge n'entre pas en considération. Si l'enfant n'a pas crié, n'a pas été menacé ou ne porte pas de traces de coups mais qu'il est resté tétanisé, comme une autre fillette de 11 ans dont l'agresseur n'est pas poursuivi pour viol mais atteinte sexuelle, il ne peut donc pas prouvé qu'il n'était pas consentant.

Il n'existe donc pas de principe de non-consentement sexuel présumé chez les mineurs de moins de 15 ans. Un projet de loi doit être présenté l'année prochaine à ce sujet. Le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes a proposé d'établir ce seuil à l'âge de 13 ans, comme l'a évoqué la ministre de la Justice. Certaines associations aimeraient aller plus loin et qu'il soit fixé à 15 ans.

Céline Hussonnois-Alaya