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Amérique du Nord

Etats-Unis: l'administration Trump interdit aux agences de santé les mots "fœtus" et "transgenre"

Donald Trump le 16 décembre 2017.

Donald Trump le 16 décembre 2017. - NICHOLAS KAMM / AFP

Sept mots ou courtes phrases considérés comme controversés sont bannis au total.

Qu'ont en commun des mots comme "vulnérable", "diversité", "fœtus" ou "transgenre"? Ils viennent d'être bannis par l'administration Trump aux Etats-Unis, qui a demandé aux agences placées sous la juridiction du ministère de la Santé de ne pas les utiliser dans les documents officiels. Comme le rapporte le Washington Post, cette décision a été évoquée jeudi 14 décembre lors d'une réunion des cadres des Centers for Disease Control and Prevention (CDC), les agences fédérales de santé, à propos du budget 2019.

Des documents transmis par les CDC à leur ministère de tutelle ont été retournés avec des corrections sur certains mots en particulier: "vulnérable", "prérogatives" et "diversité". A l'oral, d'autres termes ont été visés par la même interdiction: "fœtus", "transgenre", "basé sur la science" et "basé sur les faits". Des expressions ont été proposées pour remplacer certains d'entre eux; dans d'autres cas, aucun mot de remplacement n'a été proposé.

Des témoins incrédules

Contacté par le Washington Post, le ministère de la Santé n'a pas démenti l'information. Durant la réunion, la personne qui a annoncé cette interdiction n'en a pas expliqué les raisons, précisant qu'elle ne faisait que relayer le message, mais ajoutant que la décision était directement corrélée au budget, qui doit être présenté début février. D'après des témoins, cela a suscité l'incrédulité des participants à la réunion. Un analyste travaillant pour les CDC explique par ailleurs que c'est la première fois qu'une telle décision de bannir des mots considérés comme "controversés" est prise.

La nouvelle, relayée au cours du week-end par de très nombreux médias américains, a provoqué l'indignation de professionnels de la santé et du monde associatif.

"Prétendre et insister sur le fait que les personnes transgenres n'existent pas et laisser ce mensonge contaminer la prévention et la recherche en santé publique est irrationnel et très dangereux", estime par exemple Mara Keisling, la directrice générale du Centre national pour l'égalité des personnes transgenres, citée par CNN

Changement de ton radical

"Vous ne pouvez pas lutter contre le virus Zika ou améliorer la santé foetale et féminine si vous ne pouvez pas utiliser le mot 'foetus'. Vous devez être capable de parler de la science et des faits si vous cherchez des remèdes à des infections telles que le virus Ebola", s'indigne aussi Dana Singiser, vice-présidente d'un département de la fédération des Plannings familiaux américains.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, l'administration américaine a radicalement changé la manière dont elle évoque les questions liées à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre, ainsi que ses priorités en la matière. En mars, comme le rappelle le Washington Post, le ministère de la Santé a par exemple retiré des questions sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre de deux études dédiées aux personnes âgées. Il a également enlevé de son site internet des informations sur les LGBT (lesbiennes, gays, bis et trans) aux Etats-Unis. Le département qui s'occupe des enfants et des familles a archivé une page qui évoquait les services proposés aux LGBT et à leurs familles, notamment sur les démarches pour adopter un enfant.

Charlie Vandekerkhove