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États-Unis

L'angoisse de la communauté LGBT américaine après la victoire de Trump

Un rassemblement à Los Angeles, le 13 juin 2016, en hommage aux victimes de la fusillade survenue dans un club gay d'Orlando, en Floride.

Un rassemblement à Los Angeles, le 13 juin 2016, en hommage aux victimes de la fusillade survenue dans un club gay d'Orlando, en Floride. - FREDERIC J. BROWN / AFP

Au moins huit personnes trans se sont suicidées aux Etats-Unis après l'annonce des résultats donnant la victoire à Donald Trump. Plusieurs lignes d'appel d'urgence et de prévention du suicide sont saturées.

Depuis la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, de nombreuses minorités, montrées du doigt durant une campagne parfois très violente, vivent dans l'angoisse. Parmi elles, la communauté LGBT américaine craint que sous la présidence du candidat républicain, le pays ne fasse un grand bond en arrière en termes de droits des personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres.

Plusieurs signes témoignant de ce malaise sont apparus en l'espace de quelques jours, relayés par les médias américains. Les sites Dazed et Mic soulignent par exemple que plusieurs lignes d'écoute destinées à aider les LGBT et à prévenir en particulier les suicides sont saturées d'appels depuis ce jour précis.

"Je suis tout ce sur quoi Trump se défoule"

Au Trevor Project, une ligne d'urgence destinée aux jeunes LGBT, le nombre d'appels a ainsi doublé par rapport à la normale. "Ils sont très angoissés et effrayés. Ils ont peur que tout ce que nous avons gagné ces dernières années nous soit retiré", témoigne Steve Mendelsohn, le directeur adjoint de cette structure, interrogé par Mic. Avant l'annonce des résultats, ces craintes s'exprimaient déjà sur le réseau social Twitter.

"Oui, Clinton craint. Mais je ne crains pas pour ma put*** de vie en tant que femme et lesbienne si elle gagne, comme c'est le cas si Trump l'emporte", écrit une internaute.
"En tant que femme lesbienne latino, je n'ai jamais eu aussi peur pour mon bien-être. Je suis tout ce sur quoi Trump se défoule", dénonce une utilisatrice.
"Si Trump gagne, mon homosexualité était juste une blague. Ok? Ce n'est jamais arrivé", ironise un autre. 

Vague de suicides de personnes transgenres

Plus préoccupant encore, sur Twitter, Zach Stafford, un journaliste travaillant pour le Guardian aux Etats-Unis annonçait mercredi qu'au moins huit personnes trans s'étaient suicidées depuis l'annonce des résultats. Comme l'explique aussi le journaliste, qui a décidé d'enquêter sur cette série de suicides, Trans Life Line, un ligne d'écoute et de prévention du suicide gérées par des personnes trans et à destination des trans, a reçu plus de 300 appels en 24 heures. Un record inégalé jusque-là. 

Ce jeudi matin, il publie le communiqué d'une organisation qui accompagne les parents d'enfants transgenres, Trans-parenting, qui précise, d'après les témoignages reçus ces dernières heures, que ce chiffre était sous-évalué. "Nous sommes en mesure de confirmer que le nombre est plus élevé que ce que vous suggériez sur Twitter", peut-on lire dans le communiqué.

L'organisation se dit par ailleurs dans l'impossibilité de donner les noms, âges ou villes d'origine des personnes concernées, car les familles ne souhaitent pas les communiquer. 

Finir les démarches dans la hâte

Comme le rapporte la version américaine de Buzzfeed, sur Twitter, le hashtag #TransLawHelp a aussi été créé par une utilisatrice pour mettre en relation avocats et personnes trans souhaitant mettre en ordre leurs papiers d’identité ou terminer leurs démarches de changement d’état-civil avant l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier prochain.

Ces démarches varient d'un Etat à l'autre. De nombreux conseils à travers le pays ont répondu à l’appel, proposant d’offrir leur aide pro bono, gratuitement.

Mike Pence et les "thérapies de conversion"

Même si le programme de Donald Trump reste encore flou, il est à craindre que cette peur d'un retour en arrière soit fondée, car le candidat républicain n'a jamais montré beaucoup de compassion à l'égard des LGBT. Certaines prises de position de Mike Pence inquiètent particulièrement. D'autant que contrairement à Donald Trump, son futur vice-président a déjà eu une fonction politique. Il est actuellement gouverneur de l'Etat d'Indiana.

Mike Pence est contre le mariage des couples de même sexe et en 2000, il s’était opposé à ce que les LGBT soient protégés par des lois anti-discriminations au même titre que les femmes ou les minorités ethniques, comme le note Teen Vogue, qui a recensé en un article toutes ses prises de positions contre les droits à la contraception et les droits des personnes LGBT.

Comme le révèle Politifact, un site spécialisé dans le fact-checking en politique, dans l’Indiana, il a fait campagne pour investir de l’argent public dans les "thérapies de conversion" qui visent à "convertir" les personnes homosexuelles pour les faire devenir hétérosexuelles.

Charlie Vandekerkhove