Journalistes français tués: journée d'hommages au Mali et en France

Deux jours après l'assassinat de deux journalistes français de RFI à Kidal, dans le nord du Mali, de nombreux hommages ont été rendus à Bamako, en présence du président Ibrahim Boubacar Keïta, qui a affirmé que le Mali ferait "tout pour retrouver les coupables". De leur côté, les autorités françaises ont indiqué que des opérations sont "en cours", sur place, pour retrouver les meurtriers.

L'émotion était palpable, à Paris comme à Bamako, ce lundi. Quarante-huit heures après l'enlèvement et l'assassinat de deux journalistes français de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, samedi, à Kidal, dans le Nord-Mali, les hommages se sont multipliés, en France et au Mali. Des représentants de Radio France Internationale se sont rendus sur place pour s'entretenir avec le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, qui a affirmé que le Mali "ferait tout pour retrouver les coupables" de ces meurtres. Retour sur l'essentiel des informations de ce lundi.

Les corps rapatriés en France mardi matin

Les dépouilles des deux journalistes de Radio France Internationale arriveront mardi, à l'aube, à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Les corps de Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, vont être rapatriés à bord du vol Air France AF3873, dont l'arrivée est prévue à 6h10. Le chef de l'Etat François Hollande a annoncé sa présence en compagnie des ministres des Affaires étrangères et de la Communication, Laurent Fabius et Aurélie Filippetti.

Ils ont été ramenés dimanche soir de Kidal à Bamako, via Gao, par un avion militaire français. Des membres de la direction de RFI se sont rendus sur place pour organiser le rapatriement des deux corps en France, et devraient être présents à bord de l'avion, mardi matin.

Hommages à Bamako...

Durant toute la journée de lundi, les hommages se sont multipliés, au Mali, où une délégation de représentants de RFI est arrivée dans la soirée de dimanche. "Nous partageons le choc, nous aussi nous sommes submergés par l'émotion" provoquée par l'assassinat des deux journalistes, a ainsi déclaré le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, ajoutant: "RFI dans notre pays a non seulement des auditeurs, mais des membres d'une même famille".

"Nous ferons tout pour retrouver les coupables", a par ailleurs déclaré le chef de l'Etat. "Aujourd'hui même, nous avons ouvert une enquête judiciaire sur ces assassinats et ce soir des enquêteurs français sont attendus ici pour travailler main dans la main avec leurs collègues maliens", a-t-il ajouté.

Ibrahim Boubacar Keïta a assisté, lundi soir, à une cérémonie en l'honneur des deux journalistes, à l'aéroport de Bamako, avant leur départ pour la France, au cours de laquelle il les a décorés à titre posthume, au nom du Mali.

La directrice de France Médias Monde, Marie-Christine Saragosse, et la directrice de RFI, Cécile Megie, marchent aux côtés de journalistes maliens, lundi, à Bamako, pour rendre hommage aux deux journalistes français assassinés. © -

Lundi après-midi, des centaines de journalistes maliens ont marché en silence, à Bamako, pour rendre hommage aux deux journalistes assassinés. Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, et Cécile Megie, directrice de RFI, étaient présentes à leurs côtés. "Nous avons organisé cette marche silencieuse pour dire : 'Plus jamais ça!', les auteurs de ce crime doivent être punis", a déclaré Makan Koné, président de la Maison de la presse de Bamako.

...et en France

A Paris, les journalistes de Radio France se sont rassemblés, à midi, à l'intérieur de la Maison de la Radio pour rendre hommage à leurs deux confrères. Devant environ 200 personnes, dont les principaux dirigeants de Radio France et RFI, Jean-Luc Hess, le président du groupe audiovisuel public, a expliqué qu'il avait tenu à ce rassemblement pour honorer "nos deux camarades assassinés au Mali".

De leur côté, les sénateurs ont également rendu un hommage solennel à Ghislaine Dupont et Claude Verlon. En présence de la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, ils ont observé, debout, une minute de silence, après avoir écouté un hommage rendu par le président de séance, Thierry Foucaud.

"A la demande du président Jean-Pierre Bel, au nom du Sénat tout entier, je veux assurer leurs familles de notre soutien et leur présenter nos condoléances les plus attristées", a notamment déclaré Thierry Foucaud.

Opérations "en cours" au Mali

Des "opérations pour identifier un certain nombre de personnes dans des campements" ont été lancées dimanche et étaient toujours "en cours" ce lundi, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, lundi matin.

Les forces françaises disposent "d'indications permettant de remonter "la trace" des meurtriers des deux reporters français a par ailleurs indiqué une source proche du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. De son côté, la gendarmerie malienne a indiqué qu'une "dizaine de suspects ont été interpellés dans la région de Kidal". Une information démentie par Paris.

Des policiers français ont quitté Paris pour Bamako dans la journée, afin d'enquêter sur le meurtre des deux journalistes. Samedi, le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire pour des "faits d'enlèvement et séquestration suivis de meurtres en lien avec une entreprise terroriste".

A.S.