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Centrafrique: un pays au bord du génocide

Miliciens de la Seleka juchés sur un camion.

Miliciens de la Seleka juchés sur un camion. - -

La France s'apprête à envoyer 800 soldats supplémentaires en Centrafrique. Ce pays, situé dans une zone de tensions, est en proie à un conflit inter-religieux et la situation pour la population est dramatique.

Un pays "au bord du génocide". C'est ainsi que, le 21 novembre dernier, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius dépeignait la situation en Centrafrique. Ce mardi, la France a officiellement fait part de l'envoi de 800 soldats supplémentaires dans son ancienne colonie, coincée dans une zone de tensions entre le Tchad, le tout récent Sud-Soudan et les deux Congo.

Depuis plusieurs mois, ce pays à dominante chrétienne mais à forte minorité musulmane est en proie à un conflit inter-religieux qui rappelle "les fantômes du Rwanda", comme l'indique l'analyste international de BFMTV, Ulysse Gosset. Un "pré-génocide" dont le nombre de morts, depuis le coup d'Etat du printemps, est pour le moment inconnu.

Seleka et anti-balaka

Les rebelles musulmans de la Seleka sont entrés dans la capitale Bangui le 24 mars dernier. Leur chef, Michel Djotodia, a alors ravi le pouvoir au chrétien François Bozizé.

Depuis, deux milices terrorisent la population. Les musulmans de la Seleka, pourtant dissous par Michel Djotodia à son arrivée au pouvoir, qui s'en prennent aux paysans chrétiens. Et les "anti-balaka", proches de l'ancien président, qui, eux, terrorisent la minorité musulmane.

Au milieu, une force africaine aux effectifs insuffisants, qui tente de protéger la population. C'est elle que les renforts français vont venir appuyer, par une résolution de l'ONU sous le chapitre VII.

Un an d'exactions

La population, elle, vit dans la peur, et les ONG ne cessent de donner l'alerte sur une situation humanitaire dramatique. Les villages sont désertés et des dizaines de milliers de personnes se cacheraient dans la forêt. "Ce n'est pas pour rien qu'on s'est retranché dans la brousse. C'est pour se mettre à l'abri de la Seleka: s'ils viennent ici, c'est pour nous tuer, violer les femmes et nous piller", clame un homme rencontré le mois dernier par les envoyés spéciaux de BFMTV. Il a un fusil entre les mains, une machette autour du cou.

D'après Antoinette Montaigne, représentante du Conseil des Centrafricains à l'étranger, invitée mardi de BFMTV, les prémices de cette situation remontent à décembre 2012 et la poussée de la Seleka. "Les ONG, comme Human Rights Watch, rapportent des exactions sur la population civile depuis le mois de janvier", pointe-t-elle.

Paludisme et choléra

La population manque en outre "d'alimentation, de soins et de sécurité", indique-t-elle. Les réfugiés s'entassent dans les villes. Autour de l'église de Bossangoa se trouve un campement de fortune. Des conditions d'hygiène déplorables qui font craindre une épidémie de choléra. Le paludisme, lui, sévit déjà et la mortalité infantile, l'une des plus élevées du monde, continuer de progresser.

Mathilde Tournier et avec Fabien Crombé