BFM Grand Littoral
Grand Littoral

Naufrage mortel au large de Wimereux: le désarroi et la colère des associations d'aide aux personnes exilées

Cinq personnes sont mortes en tant de rejoindre l'Angleterre à bord d'une embarcation surchargée mardi 23 avril, au large de Wimereux. Des associations alertent une nouvelle fois sur une situation catastrophique.

"Colère et indignation." Cinq personnes, dont une enfant de 4 ans, sont mortes mardi 23 avril au large de Wimereux, en tentant de traverser la Manche pour rejoindre l'Angleterre. Leur embarcation était surchargée, transportant 112 personnes, "du jamais vu" d'après le préfet du Pas-de-Calais.

Au lendemain du drame, les associations d'aide aux personnes exilées sont en colère. Dans un long post Facebook, Osmose62 a fait part de sa "colère et indignation face à la tragédie humanitaire qui se déroule sur les plages de la Côte d'Opale".

"Alors que nous nous préoccupons de la sécurité des touristes sur nos plages cet été, nous assistons une fois de plus à des pertes de vies humaines parmi les exilés qui cherchent simplement la liberté, la paix et la dignité. Ces âmes courageuses ne devraient pas trouver la mort en quête d'un avenir plus sûr", dénonce l'association.

"Combien de vies encore devront être sacrifiées avant que nos dirigeants et nos élus ne prennent véritablement conscience de l'urgence d'agir pour aider les exilés? Combien de temps faudra-t-il pour que nos consciences s'éveillent à la réalité poignante de ces drames qui se déroulent sous nos yeux?", demande-t-elle.

Des politiques d'accueil demandées

L'association demande des "mesures concrètes pour venir en aide à ceux qui ont tout perdu et qui risquent leur vie dans l'espoir d'un avenir meilleur", un point sur lequel souhaite également insister Utopia 56.

"Nous sommes las de compter les personnes décédées à cette frontière. Ca fait bientôt un an que je suis à cette frontière et depuis le mois d'août il y a plus de 40 personnes décédées notamment en mer", dénonce Célestin Pichaud, coordinateur d'Utopia 56, sur BFM Grand Littoral.

"Il faudrait un changement drastique et rapide des politiques, mettre en place des politiques d'accueil sur les territoires français, en Europe. Et pour les personnes qui veulent se rendre en Angleterre, mettre en place des voies de passage sûres et légales pour éviter ces morts", ajoute-t-il.

"Nous interpellons les élus depuis 2016 sur la dangerosité des passages et plus récemment, ceux des passages en mer. Les préfectures appliquent des politiques qui vont fragiliser les personnes et les mettre en danger, notamment par la présence policière, la répression. Lié à ces politiques répressives, les personnes vont prendre de plus en plus de risque", termine le coordinateur d'Utopia 56.

Des traversées en hausse en 2024

Les traversées de la Manche sont en hausse de 20% par rapport à l'année dernière d'après les autorités britanniques. Depuis le début de l'année, 14 migrants ont perdu la vie et la commune de Wimereux est touchée par un drame pour la deuxième fois en quelques mois, cinq personnes ayant déjà perdu la vie en janvier.

Une situation également dénoncée par le maire de la commune, Jean-Luc Debaële. "Désormais, je suis ravi quand il y a une tempête, car ils ne peuvent pas passer et on a pas de catastrophe comme c'est arrivé aujourd'hui", confie l'édile. "Je prie pour des tempêtes, vous vous rendez compte à quel point j'en suis? C'est hallucinant, on ne peut plus vivre comme ça", ajoute-t-il.

"Aujourd'hui, on a de la gendarmerie, on a de la police nationale mais c'est pas suffisant", estime-t-il, appelant à mettre en place des "mesures supplémentaires" afin d'empêcher les départs dans la Manche.

Le maire de Wimereux exprime par ailleurs ses appréhensions à l'approche des Jeux olympiques de Paris qui vont mobiliser de nombreuses forces de l'ordre sur la capitale. Il craint de "très grosses catastrophes" et une situation "dramatique" cet été. "Nous on pourra pas le gérer, ce sera ingérable", juge-t-il.

Marine Langlois