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Buitoni: un plan de sauvegarde de l'emploi signé avant la fermeture de l'usine de Caudry

Les plus de 100 salariés du site percevront des indemnités de départ ou des reclassements au sein du groupe Nestlé.

2022 aurait dû être une année festive pour Buitoni. Celle du quarantième anniversaire de l'implantation de son usine à Caudry, commune de taille moyenne du département du Nord, bâtie non loin de Cambrai.

Mais rien ne s'est passé comme prévu. En mars de cette année-là, Buitoni doit rappeler ses pizzas surgelées de la gamme Fraîch'Up après détection d'une recrudescence de contaminations à la bactérie E.coli par les autorités sanitaires.

Rapidement, la mort de deux enfants est attribuée à la consommation de la pâte à pizza produite à Caudry. Plusieurs dizaines de personnes sont intoxiquées.

Un mélange de satisfaction, de colère et d'injustice

Le scandale sanitaire prend de l'ampleur et finit par sceller l'avenir des plus de 100 salariés du site. En mars dernier, un an après la mise à l'arrêt de la ligne de production des pizzas Fraîch'Up, le groupe Nestlé, maison-mère de Buitoni, acte la fermeture de l'usine à l'horizon du 31 décembre prochain, déclenchant l'ire des employés. Argument avancé par la direction: une chute des ventes.

La semaine dernière, la direction du géant de l'agroalimentaire et les représentants des salariés concluent un accord sur le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Ce dernier prévoit aussi bien des indemnités de départ et aides à la création d'entreprises que des reclassements au sein du groupe.

Ce mardi, satisfaction, colère et sentiment d'injustice se mêlaient dans les discussions des employés encore postés au campement installé devant l'usine de Caudry. Satisfaction car les syndicats estiment avoir su protéger les intérêts des salariés. Colère car, pour certains d'entre eux, c'était le métier d'une vie. Incompréhension enfin, car des travaux de rénovation avaient été entrepris dans l'usine après l'onde de choc du scandale.

"Il y a énormément de gens qui sont là, qui ont commencé à 18 ans et qui ont aujourd’hui 50 ans ou plus. Ils n’ont connu que la SPAC. C’est normal qu’ils soient accrochés", relate Stéphane Derammlaere, délégué syndical Force Ouvrière, à BFM Grand Lille.

"Couper le cordon"

Mercredi soir, une soixantaine de salariés vont se rassembler une dernière fois devant l’usine Buitoni pour un lâcher de lanternes. Un acte symbolique.

"C’est pour couper le cordon entre le camp et l’entreprise, pour que les gens puissent réellement se projeter, explicite Stéphane Derammlaere. Ils se sont accrochés."

Mais un livre se referme à Caudry, où la perspective de l'arrivée d'un repreneur semble plus qu'improbable. Pour le délégué syndical, "il faut que les gens, dès septembre, se prennent en main pour essayer d’aller de l’avant et de trouver du travail".

Une information judiciaire en cours

Du côté de la direction de Buitoni, la saga est amenée à se poursuivre, certainement devant les tribunaux. Depuis mai 2022, une information judiciaire pour homicide involontaire et blessures involontaires est ouverte.

En attendant l'avancée de l'enquête, Nestlé a signé avec les familles de victimes un accord d'indemnisation -dont le montant n'a pas filtré, éteignant la procédure civile, mais pas la procédure pénale.

Encore aujourd'hui, l'origine de la contamination demeure indéterminée. De l'avis de Nestlé, elle pourrait être en lien avec la farine utilisée pour concevoir la pâte à pizza. Du côté de la préfecture, on avance diverses hypothèses, telles que la "présence de rongeurs" dans l'usine et le "manque d'entretien et de nettoyage des zones de fabrication".

Xavier Silly avec Florian Bouhot