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Pourquoi les gelées de début de printemps fragilisent particulièrement la végétation

La France connaît en ce début de semaine un épisode de gel. Les gelées printanières fragilisent les cultures qui sont alors en pleine croissance et plus vulnérables.

Mardi, une large partie de la France a connu des gelées printanières, qui doivent se poursuivre mercredi. Selon Météo France, mercredi, elles seront "localement fortes dans le Nord-Est avec quelques valeurs prévues de l’ordre de -4°C à -6°C". Ce n'est pas une bonne nouvelle pour les agriculteurs.

Comme l'explique Météo France sur son site, au printemps, la végétation est "en pleine croissance", ce qui la rend plus sensible au gel: les arbres fruitiers et la vigne peuvent en particulier "subir des pertes conséquentes". Les céréales sont en revanche moins exposées, "il faut qu'il fasse vraiment très froid" pour qu'elles soient endommagées, affirme à BFMTV.com, Marc Tardy, technicien du service agrométéorologie de Météo France.

L'Inrae, un institut de recherche public spécialisé dans l'agriculture, développe sur son site e-phytia: "ces gelées affectent les pousses, notamment la pousse terminale, d’un arbre dont les bourgeons viennent de débourrer" - ce qui signifie qu'ils s'ouvrent.

Ces bourgeons "ne supportent alors pas les températures inférieures à -4°C", explique l'institut, et ces gelées "entraînent des déformations, des pertes de production, et même la mort de l’arbre si elles se répètent".

D'importantes pertes agricoles en 2021

Au niveau national, les gelées sont toutefois faibles cette semaine, selon Marc Tardy. "Localement, on peut être inquiet, mais l'épisode de devrait pas être généralisé comme en 2021 ou 2022".

En avril 2021, la France a connu un important épisode de gel, qualifié de "pire catastrophe agronomique de ce début de XXIe siècle" par le ministre de l'Agriculture d'alors, Julien Denormandie, dans un dossier de presse de juin 2021.

Ce document estimait que cet épisode avait causé la perte de plus de la moitié des récoltes en fruits à noyau et des pertes autour de 30 à 40% sur les domaines viticoles (pouvant aller "jusqu'à 100% pour certaines exploitations").

Une étude publiée en juin 2021 par le World weather attribution, un consortium de scientifiques, jugeait que la probabilité que la végétation soit affectée par l'épisode de gel connu par la France quelques mois plus tôt avait été augmentée par le réchauffement climatique lié aux activités humaines.

Les zones continentales et montagneuses plus touchées

Météo France note que "l’augmentation des températures moyennes rend les vagues de froid en avril moins probables". Mais ces hivers plus doux provoquent aussi "l’avancée de la saison de croissance de la végétation", ce qui rend cette dernière plus vulnérable aux gelées lorsqu'elles surviennent.

"Le réveil de la végétation se fait en fonction de la chaleur emmagasinée" les mois précédents, développe Marc Tardy.

En clair: plus il a fait chaud, plus les bourgeons éclosent tôt.

Le service officiel de météorologie et de climatologie anticipe que lors des prochaines décennies, "les régions les plus touchées seront les zones continentales et celles situées en altitude où le risque de gelée demeurera même avec le changement climatique".

Sophie Cazaux