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Deux-Sèvres: les manifestants ont sectionné la canalisation d'une exploitation agricole

Après une journée marquée par des heurts entre la police et les manifestants samedi, les opposants à un chantier de "mégabassine" pour l'irrigation agricole dans les Deux-Sèvres ont débuté une nouvelle manifestation ce dimanche.

Après une journée tendue samedi, les manifestations contre un chantier de "mégabassine" pour l'irrigation agricole à Sainte-Soline ont repris ce dimanche dans les Deux-Sèvres. Le collectif "Bassines Non merci" avait annoncé sur Facebook "une nouvelle action de désobéissance civile" à partir de 14h. Avec environ 1600 gendarmes sur zone ce dimanche, le dispositif de sécurité est le même que samedi.

Aux alentours de 14h30, les manifestants ont réalisé ce qu'ils ont qualifié comme une action de "désobéissance civile": ils ont sectionné une canalisation pensant qu'elle était reliée à l'une des bassines. Mais il s'agit d'une canalisation d'une exploitation agricole, qui n'est pas reliée à la bassine et qui appartient à un agricultueur faisant de la polyculture, a-t-on appris de sources concordantes. Les forces de l'ordre se trouvaient, pour l'instant, à distance des manifestants. Les opposants au projet ont également édifié des tours de guet sur le site.

"Il reste environ 2000 personnes sur le site, je rappelle que la manifestation demeure interdite, donc que tout acte visant à tenter à nouveau d'entrer sur le site de la réserve sera à nouveau écarté", a déclaré dans la matinée sur franceinfo la préfète du département, Emmanuelle Dubée.

Un face-à-face tendu samedi

Samedi, des militants "antibassines" ont réussi à forcer des grilles protégeant le chantier puis à entrer brièvement à l'intérieur, avant d'être repoussés par les forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP. Après un face-à-face tendu d'environ une heure au bord de la réserve, les manifestants ont fait demi-tour vers le champ prêté par un paysan pour qu'ils puissent y installer un campement.

De violents heurts ont fait samedi une soixantaine de blessés côté gendarmes et une cinquantaine côté manifestants. Le rassemblement a réuni 4000 personnes selon la préfecture, entre 7000 et 10.000 selon les organisateurs.

"61 gendarmes ont été blessés, dont 22 sérieusement", a tweeté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour qui "ce chiffre démontre que ce n'était pas une manifestation pacifique mais un rassemblement très violent".

"J'espère que toutes les forces politiques républicaines condamneront ces violences", a ajouté le ministre, qui selon son entourage est rentré à Paris dans la soirée "pour suivre depuis Beauvau l'évolution de la situation à Sainte-Soline".

Un "accaparement de l'eau"

Côté manifestants, une cinquantaine de manifestants ont été blessés, selon le collectif "Bassines Non merci", qui rassemble des associations environnementales, organisations syndicales et groupes anticapitalistes opposés à cet "accaparement de l'eau" destiné à l'"agro-industrie".

La députée EELV Sandrine Rousseau a dénoncé un projet "grave" sur BFMTV ce dimanche et apporté son "soutien" aux gendarmes et manifestants blessés. "L'eau est un bien essentiel, pourquoi envoyer 1700 gendarmes pour protéger un accaparement de l'eau?", a-t-elle demandé. Elle a expliqué soutenir "une désobéissance sans violence, surtout quand il s'agit d'écologie".

Sainte-Soline est la deuxième d'un projet de 16 réserves de substitution élaboré par un groupement de 400 agriculteurs réunis dans la Coop de l'eau, pour "baisser de 70% les prélèvements en été", dans cette région encore soumise à des restrictions d'irrigation après une sécheresse estivale hors norme.

Ces réserves sont des cratères à ciel ouvert, recouverts d'une bâche en plastique et remplis grâce au pompage de l'eau des nappes phréatiques superficielles l'hiver. ElIes peuvent stocker jusqu'à 650.000 m3 (soit 260 piscines olympiques) d'eau pour irriguer l'été.

S.C avec AFP