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Climat

Sécheresse: de nombreuses nappes phréatiques restent à des niveaux "préoccupants"

Les nappes phréatiques françaises se trouvaient fin décembre à des niveaux  "préoccupants" sur une grande partie du pays, selon le bulletin du Bureau de recherches géologiques et minières (ILLUSTRATION).

Les nappes phréatiques françaises se trouvaient fin décembre à des niveaux "préoccupants" sur une grande partie du pays, selon le bulletin du Bureau de recherches géologiques et minières (ILLUSTRATION). - GUILLAUME SOUVANT © 2019 AFP

Malgré "une recharge en cours" mais "peu intense", une grande partie des nappes phréatiques restent à des niveaux "bas" voire "très bas" en raison de précipitations "très insuffisantes" à l'automne. La région Rhône-Sâone est particulièrement préoccupante.

Les nappes phréatiques françaises se trouvaient fin décembre à des niveaux "préoccupants" sur une grande partie du pays, avertit le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) dans un communiqué paru ce vendredi, après qu'une sécheresse historique, marquée par des précipitations inférieures à la normale, a frappé le pays en 2022.

Des pluies "très insuffisantes" à l'automne

"Les niveaux des nappes du mois de décembre sont peu satisfaisants", déplore l'organisme public qui évoque une "recharge peu intense" des sols ces derniers mois.

"En effet, les pluies infiltrées durant l'automne sont très insuffisantes pour compenser les déficits accumulés durant l'année 2022 et améliorer durablement l'état des nappes", écrit-il encore dans un bulletin de situation au 1er janvier.

Les pluies de l'automne, sur des sols très secs, ont profité en premier lieu aux sols en surface et à la végétation avant de recharger les nappes en profondeur.

Des niveaux d'eau "bas à très bas"

"En conséquence, plus des trois quarts des nappes restent sous les normales mensuelles avec de nombreux secteurs affichant des niveaux bas à très bas", relève-t-il, soulignant que "les niveaux sont nettement inférieurs à ceux de décembre de l'année dernière".

Le BRGM constate des niveaux "préoccupants sur une grande partie du territoire", avec toutefois quelques exceptions locales comme la Bretagne ou Alsace.

Le bureau de recherches indique qu'actuellement "la recharge est bien en cours bien que peu intense" et estime que l'évolution de la situation dépendra des pluies à venir.

L'organisme se dit notamment préoccupé par la situation du Bassin parisien et surtout de la région Rhône-Saône où les nappes phréatiques ont connu une forte baisse de leur niveau d'eau.

Des cours d'eau "à sec comme si on était en plein été"

Dans le Sud-Ouest, l'Agence de l'eau se dit elle aussi inquiète, alors que "les sols sont très secs" et que "les pluies ne sont pas assez abondantes".

"La Garonne est au plus bas. En Charente, la Boutonne est à sec comme si on était en plein été. Mercredi matin, j'ai traversé l'Adour à pied", déplore son directeur général Guillaume Choisy à l'AFP.

Des interdictions de prélèvement en eau restent encore en vigueur dans certains départements, comme le Tarn. "La situation que nous avons vécu cet été sera dans la moyenne à l'horizon 2050", alerte l'agence.

2022 l'année la plus chaude jamais enregistrée en France

Selon Météo France, 2022 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée en France avec 14,5°C de température moyenne annuelle mais aussi l'une des plus sèches, accusant un déficit de pluviométrie de quelque 25%.

La sécheresse et la canicule estivale ont eu d'importantes répercussions sur l'agriculture ou la production d'électricité hydraulique et nucléaire.

Dans son bulletin des grandes tendances climatiques sur trois mois pour la période janvier-mars 2023, Météo France n'avançait fin décembre "aucun scénario" précis en termes de précipitations pour la France.

Or ce sont les pluies qui seront déterminantes. "Les tendances et l'évolution de l'état des nappes en période hivernale dépendent exclusivement des pluies infiltrées, et donc des cumuls pluviométriques, et de l'inertie de la nappe (temps de réponse à une pluie infiltrée)", souligne encore le BRGM. "La recharge de ces prochains mois conditionnera les niveaux de l’été 2023", prévient-il.

Juliette Desmonceaux