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"Mars va être crucial": il n'a quasiment pas plu en France depuis le 21 janvier et c'est problématique

Une photo prise le 19 mai 2022 à Saint-Gilles, dans le sud de la France, montre une plante sauvage sur un sol craquelé par la sécheresse lors d'un épisode de chaleur exceptionnel en France.  (Photo d'illustration)

Une photo prise le 19 mai 2022 à Saint-Gilles, dans le sud de la France, montre une plante sauvage sur un sol craquelé par la sécheresse lors d'un épisode de chaleur exceptionnel en France. (Photo d'illustration) - NICOLAS TUCAT / AFP

Après une année 2022 marquée par une très forte sécheresse, les nappes phréatiques et les sols ne retrouvent pas leurs niveaux d'eau habituels.

Il n'a quasiment pas plu en France depuis le 21 janvier. Ce lundi, Météo-France mettait en garde sur le fait que le pays venait "d'enregistrer 23 jours consécutifs caractérisés par des hautes pressions et l’absence de précipitation". Un record en hiver, battant celui établi en 1989.

"La douceur s'affirme de plus en plus en journée, avec des températures maximales qui sont proches des valeurs moyennes pour un mois de mars, voire d’un mois d’avril", écrit l'institut météorologique.

Et la situation devrait perdurer. "Les prévisions météo sont pessimistes: le reste du mois de février sera sec et doux", confie à BFMTV.com Serge Zaka, docteur en agroclimatologie.

Anticyclone qui dure

En cause: des conditions anticycloniques qui perdurent. "Cet anticyclone revient depuis trois semaines et c'était le même qui a provoqué la situation de 2022", ajoute Serge Zaka.

En effet, l'année dernière a été la plus chaude jamais enregistrée et également la deuxième année la plus sèche depuis le début des relevés. Après cette sécheresse historique, les experts espéraient que la période hivernale redresserait la barre.

"Ce n'est pas catastrophique, mais on est mal parti", concède Serge Zaka.

Le niveau des nappes phréatiques au plus bas

L'absence de précipitations est d'abord un problème pour les nappes phréatiques. "Ce sont elles qui garantissent la présence d'eau en été", explique l'agroclimatologue. L'automne et l'hiver constituent une période de recharge pour les nappes phréatiques.

"Les végétaux n'ont pas de feuilles donc l'eau s'enfonce directement dans les sols", poursuit Serge Zaka.

Après la sécheresse de 2022, les nappes avaient besoin d'une période de recharge abondante pour remonter à des niveaux satisfaisants. Or, l'absence de pluie inquiète. "La moitié des nappes de France sont à des niveaux bas à très bas et seulement 10% du territoire au niveau normal", détaille le spécialiste.

"Le mois de mars va être crucial, même si on a déjà trop de retard", déplore-t-il.

La situation actuelle ne signifie toutefois pas qu'il y aura une sécheresse dans les prochains mois puisque le printemps et l'été peuvent être pluvieux. "Mais ça démarre mal", continue-t-il.

Un risque pour l'agriculture

Au-delà des nappes phréatiques, l'inquiétude la plus directe concerne les sols agricoles, soit les deux premiers mètres sous la surface.

"Ils réagissent très vite au manque d'eau", affirme Serge Zaka.

"Sur quasiment toute la France, les taux d'humidité des sols sont plus bas que la moyenne, surtout au nord du territoire", ajoute-t-il. Cela pose notamment un problème pour les agriculteurs. "On démarre mal la saison des semis et du fourrage: les végétaux vont démarrer et très vite ne plus avoir assez d'eau", détaille l'agroclimatologue.

"Je ne tire pas la sonnette d'alarme mais il y a un risque, on est sur une mauvaise pente avec la même tendance qu'en 2022", met-il en garde.

Des régions déjà en alerte

S'il est pour l'heure difficile d'établir un lien entre le manque de précipitations et le dérèglement climatique, ce dernier aggrave la situation. "La hausse des températures accélère l'évaporation de l'eau des végétaux ce qui accentue le phénomène de sécheresse et provoque la soif permanente des végétaux en été", explique Serge Zaka.

Face à la situation, en début de mois, le département des Pyrénées-Orientales a mis en place plusieurs mesures de restrictions d'eau. La semaine dernière, les Bouches-du-Rhône ont émis un arrêté "de passage au stade de vigilance sécheresse sur le département" avec certains secteurs "qui passent dès à présent au stade d’alerte".

Selon les prévisions de Météo-France, un peu de pluie est attendue au nord de la Loire dimanche, "mais en quantité misérable", prévient l'institut météorologique.

Salomé Robles