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Climat

COP21: jour de la dernière chance pour un accord sur le climat

Laurent Fabius dans son bureau au Bourget pour la COP21, le 10 décembre 2015.

Laurent Fabius dans son bureau au Bourget pour la COP21, le 10 décembre 2015. - Martin Bureau - AFP

Un projet d'accord a été finalisé dans la nuit de vendredi à samedi, et sera présenté par Laurent Fabius ce samedi à 11h30 aux délégués des 195 pays de la conférence de l'ONU. S'il fait consensus, une nouvelle plénière sera convoquée pour une adoption formelle dans la journée. 

MISE A JOUR 8h10 - Le président François Hollande se rendra samedi en fin de matinée au Bourget pour la présentation du projet d'accord final.

Laurent Fabius l'avait assuré sur BFMTV: le texte final de l'accord sur le climat tiré des discussions entre 195 pays lors de la COP21 de Paris serait prêt "samedi, tôt dans la matinée". Effectivement, dans la nuit de vendredi à samedi, au terme d'une minutieuse relecture du texte ligne par ligne, la présidence de la COP a annoncé la finalisation du projet d'accord.

Le ministre français des Affaires étrangères le présentera en séance plénière samedi à 11h30, le temps qu'il soit traduit dans les six langues de l'ONU. Si l'accord fait consensus, une nouvelle plénière sera convoquée quelques heures plus tard pour une adoption formelle, qui ne passe pas par un vote.

Le président américain Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping, principaux émetteurs de CO2 dans le monde avec la péninsule arabique, se sont dits vendredi déterminés à aboutir à un accord "ambitieux". Mais derrière les annonces officielles, l'accord tant espéré pour lutter contre le réchauffement de la planète s'est fait attendre. En l'état, "le texte débattu oublie le côté contraignant", a regretté Jean-Louis Borloo sur BFMTV.

Trois points au centre des désaccords

"Chaque pays est en train de remonter ses lignes rouges", a relevé en pleine nuit, sur Twitter, le député écologiste belge Jean-Marc Nollet, qui suivait les débats. "La nuit a été rude", a confirmé au petit matin Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. "Au lieu d'avancer vers des compromis, chaque pays s'est plutôt retranché derrière ses positions."

Les tensions ont ressurgi après la présentation d'une nouvelle ébauche d'accord qui laisse ouverts les trois sujets les "plus complexes", selon Laurent Fabius: la "différenciation" (répartition des efforts entre les pays développés et en développement), les "financements" et "l'ambition" de l'accord. Sur ce dernier point, le projet fixe désormais un objectif de réchauffement de la planète "bien en-deçà" de 2°C par rapport au niveau pré-industriel et "la poursuite des efforts pour limiter la hausse à 1,5°C".

Révision des objectifs tous les 5 ans

Cette limite de 1,5°C est une revendication d'une centaine de pays, notamment des pays insulaires, menacés par la hausse du niveau des océans. Mais les grands producteurs d'énergies fossiles, comme l'Arabie saoudite et la Russie, s'y sont vigoureusement opposés lors des débats nocturnes, selon le député Jean-Marc Nollet.

En amont de la conférence, la quasi-totalité des Etats ont pris des engagements pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre mais leurs efforts, s'ils se concrétisaient, placeraient la planète sur une hausse du thermomètre mondial estimée à +3°C.

Pour faire mieux, le principe d'une révision obligatoire de ces objectifs nationaux tous les cinq ans est acté. Mais le projet d'accord fixe à 2025 la première révision.

100 milliards de dollars par an

Côté finances, le pré-accord précise que l'enveloppe de 100 milliards de dollars par an que les pays riches ont promis de verser aux pays du Sud à partir de 2020 est un "plancher" et que les pays développés présenteront "périodiquement" des "objectifs quantifiés".

"La pilule a du mal a passer sur la partie finances jugée par plusieurs pays, dont l'Union européenne, les Etats-Unis ou l'Australie, comme étant trop en faveur des pays en développement", a estimé Pascal Canfin, ancien ministre français et expert du cenre de recherches américain WRI. "Tous les espoirs sont encore possibles mais la tentation des postures peut encore prévaloir", a mis en garde l'écologiste Nicolas Hulot, envoyé spécial du président français François Hollande pour la protection de la planète.

"Il reste 24 heures, 24 heures pour revenir à l'essentiel, on peut encore construire l'avenir. Mais la fenêtre se rétrécit de jour en jour", a-t-il encore dit, appelant les chefs d'Etat "à se grandir à cet instant crucial pour l'humanité".

S.A. avec AFP