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Tournesol: le groupe agroalimentaire Avril s'inquiète pour le prix de ses approvisionnements

Le marché du tournesol est chahuté par la guerre en Ukraine, qui représente 50% des exportations d'huile de tournesol.

La guerre en Ukraine perturbe le marché du tournesol. Le pays produit 15 millions de tonnes de graines chaque année et représente 50% des exportations mondiales d'huile de tournesol. Le groupe français Avril, quatrième groupe agroalimentaire français, s'inquiète pour ses approvisionnements: le prix d'achat de la graine de tournesol a quasiment doublé. L'entreprise, propriétaire des marques nationales Lesieur, Isio 4 ou Fruit d'Or, fournit aussi les marques de distributeur et est l'un des principaux fabricants d'alimentation animale en France.

Le prix d'achat de l'huile de tournesol "était autour de 1,5 euro" et "va passer à 3 euros", souligne son directeur général Jean-Philippe Puig, sur BFM Business. Pour le dirigeant, une hausse du prix pour le consommateur est inévitable car, dans le cas contraire, "il n'y aura pas d'huile dans les rayons". "Il n'y a pas de disponibilités" à des prix inférieurs sur d'autres canaux d'approvisionnements, car le prix du tournesol est fixé par les cours mondiaux.

Concernant la nutrition animale, le problème est "beaucoup plus important", car la flambée des prix ne concerne pas uniquement le tournesol, mais aussi le blé et le maïs, de même que les engrais, une situation difficile pour l'agriculture et l'industrie agroalimentaire.

"Dans les derniers dix mois, on avait augmenté d'environ 50 euros la tonne pour la nutrition animale" pour atteindre un prix moyen de 350 euros, et "il va falloir passer maintenant, compte tenu de l'augmentation depuis le 24 février, une centaine d'euros supplémentaire", avance Jean-Philippe Puig.

Réouverture des négociations commerciales

Le groupe espère que la réouverture des négociations commerciales permettra de prendre en compte l'augmentation des coûts de production – le gouvernement a récemment appelé fabricants et distributeurs à se remettre autour de la table pour revoir les contrats à peine signés. "Il faut s'asseoir avec nos clients, la grande distribution, pour pouvoir passer ces hausses chez le consommateur, sinon l'impact sera très élevé" pour l'entreprise, assure Jean-Philippe Puig, mais "pour le moment, c'est très lent" en France, alors qu'en Allemagne, "on a déjà l'augmentation des prix en rayons".

"Les rendez-vous ne sont pas fixés. On est déjà à plus d'un mois après le début du conflit, les prix n'ont pas encore augmenté, par contre les prix des matières ont, eux, déjà augmenté", déplore-t-il.

La reprise des négociations commerciales est "compliquée" car "nous avons une loi d'une complexité infinie", la loi Egalim, qui nous "enferme dans un carcan", a répondu Didier Duhaupand, président du groupement Les Mousquetaires (Intermarché), lui aussi sur le plateau de BFM Business ce mercredi matin.

Cette loi "nous empêche de réagir aussi vite" mais "les rendez-vous vont être pris", a-t-il assuré, ajoutant qu'il faudra "certainement se revoir dans les semaines qui viennent" car "il y aura peut-être de nouvelles hausses de prix" si la situation ne s'améliore pas en Ukraine.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV