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Pourquoi les Français placent de plus en plus d’argent sur leur livret A

En janvier, les montants déposés sur les livret A ont largement dépassé les retraits. La collecte nette a atteint un niveau inédit depuis 2009. Mais cela ne signifie pas que les ménages continuent à épargner autant que durant la crise Covid. Explications.

C’est du jamais vu depuis 2009: sur le seul mois de janvier les sommes placées sur le livret A et le livret de développement durable et solidaire (LDDS) ont augmenté de plus de 11 milliards d’euros.

Certes, le mois de janvier est traditionnellement celui où les sommes mises de côté sont les plus élevées. Primes et treizième mois, pour ceux qui en touchent, étant venus gonfler le solde des comptes en banque. Mais si cette année la collecte nette (c’est-à-dire la différence entre les sommes déposées et les sommes retirées) a atteint 9,25 milliards d’euros pour le livret A et près de 2 milliards pour le LDDS, c’est très probablement parce que les épargnants ont apprécié la perspective d’un taux à 3% à partir du 1er février.

Plus d'argent sur les livrets A mais moins ailleurs

Pour autant cela ne signifie pas que les Français continuent à pouvoir autant épargner que durant la crise Covid. L’inflation est passée par là. Et ces chiffres sur le livret A sont un peu trompeurs. Quand on regarde les données publiées par la Banque de France qui a accès à la totalité des montants dont les ménages disposent sur leurs divers comptes, livrets, assurance-vie, compte-titres ou PEA, on voit clairement que, dans leur ensemble, les Français ne "sur-épargnent" plus.

Entre les 3e trimestres 2019 et 2021, la valeur totale des actifs financiers qu’ils détenait était passée de 5267 à 5922 milliards d’euros. Au 3e trimestre 2022, elle ne s’élevait plus qu’à 5692 milliards d’euros. Baisse en partie imputable à la chute des marchés boursiers au début de la guerre en Ukraine mais aussi au fait que davantage de ménages ont été soit contraints de réduire la part de leurs revenus mise de côté soit, pour ceux que l’inflation pénalise le plus, de puiser dans leur bas de laine.

Les contrats d'assurance vie en euros séduisent moins

Si les Français placent davantage d’argent sur leur livret A, c’est donc qu’ils en mettent moins sur les autres placements à leur disposition. L’assurance-vie est le placement qui en pâtit le plus. Entre 2019 et 2022, la Banque de France constate que l’encours des contrats d’assurance-vie en euros est passé de 1723 à 1436 milliards d’euros soit une chute de 17%.

Alors que sur la même période, les sommes placées par les ménages sur les produits d’épargne réglementée (livret A, LDDS, livret d’épargne populaire, PEL...) ont progressé de 12% pour atteindre 862 milliards d’euros au troisième trimestre 2022.

Et avec leur taux nettement plus attractifs cette année, les livrets A, LDDS et LEP risque de pousser encore plus d’épargnants à délaisser –au moins ponctuellement- l’assurance-vie. D’autant que les livrets constituent l’épargne la plus immédiatement disponible qui soit. Un avantage majeur en cette période d’incertitude.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco