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"La révolution est ailleurs": Zemmour assume un programme économique "ennuyeux"

Interrogé dans "Face à BFM" sur ses mesures économiques, le candidat d'extrême droite a proposé des pistes pour le pouvoir d'achat des Français mais entend ne pas faire de l'économie sa priorité.

"La présidentielle n’est pas le concours pour être ministre des Finances", aime répéter Eric Zemmour. Clairement, le candidat à l'élection présidentielle n'entend pas faire de l'économie le cœur de son programme, dominé par les questions sur l'immigration.

Mieux, l'ex-journaliste assume un programme économique peu inventif. "Je suis très content que vous vous soyez ennuyés" répond-t-il dans Face à BFM à Nicolas Doze, éditorialiste sur BFM Business, qui l'interrogeait sur ses propositions.

"La révolution est ailleurs", tranche Eric Zemmour. "Ça m'intéresse, ça me passionne" mais "j'ai mis des mois à faire comprendre aux gens qu'il y avait des hiérarchies." En l'occurrence, les questions migratoires.

Mais le candidat a tout de même des propositions pour le pouvoir d'achat des Français, à défaut d'une philosophie globale. "Je refuse les dogmes, les idéologies, ni libéral ni étatiste", souligne-t-il. "J'essaye d'être réaliste au plus près."

Aider les entreprises

Selon lui, trois constats doivent être corrigés: le pouvoir d'achat des Français "et notamment des plus modestes" indique-t-il, mais aussi le "poids très excessif des impôts et charges sur les entreprises". Enfin, Eric Zemmour pointe du doigt "un problème majeur de compétitivité" pour l'économie française.

Pour tenter de répondre à cette équation à plusieurs inconnues, le candidat de Reconquête veut baisser la CSG sur les salaires jusqu'à 2000 euros par mois. Une façon d'augmenter le salaire net sans augmenter le salaire brut et ainsi ne pas pénaliser les entreprises.

De la même façon, il entend supprimer la redevance télévisuelle, simplifier et défiscaliser la participation dans les entreprises, à partir de 11 salariés. Enfin, il propose de baisser de 30 milliards d'euros par an les impôts de production qui pèsent sur l'industrie française.

On pourrait encore citer plusieurs mesures de défiscalisation sur les successions ou les heures supplémentaires.

Chiffres controversés

Comment financer de tels allègements? Il souhaite supprimer les prestations sociales aux étrangers, ce qui devrait rapporter selon ses calculs 15 milliards d'euros, même si ce chiffre est controversé (la CNAF évoque plutôt 9 milliards d'euros). De la même façon, il entend reporter à 64 ans l'âge de départ à la retraite, même si cela prendra pleinement effet en 2030.

Reste encore la lutte contre la fraude sociale, régulièrement évoquée par les candidats à la présidentielle, qui s'avère en réalité un véritable serpent de mer: l'Assurance maladie en a fait une de ses priorités mais n'a récupéré qu'un milliard d'euros pour l'année 2019. "Je pense qu'on peut récupérer beaucoup plus", assure Eric Zemmour.

Suffisant pour assurer un équilibre budgétaire alors que le déficit public a explosé avec la crise sanitaire?

Thomas Leroy Journaliste BFM Business