BFM Business
International

Royaume-Uni: un rapport parlementaire britannique étrille les réformes financières post-Brexit

Les parlementaires jugent qu'un certain nombre de mesures annoncées constituent davantage un travail préparatoire que de véritables réformes.

"Pétard mouillé". C'est le terme utilisé par un rapport parlementaire britannique qui tacle la série de réformes post-Brexit destinées à stimuler la croissance du puissant secteur financier du Royaume-Uni, lancée il y a un an par Londres. Il juge que celles-ci n'auront que "peu d'impact sur l'économie".

Le gouvernement britannique avait lancé en fanfare, en décembre 2022, les "réformes d'Édimbourg", une trentaine de mesures "pour assurer la place du Royaume-Uni comme centre financier mondial" de premier plan, en revenant notamment sur certaines mesures mises en place dans la foulée de la crise de 2008.

Mesure phare, le gouvernement compte notamment supprimer, pour des banques de taille modeste, des règles qui séparent aujourd'hui les activités de détail et d'investissement au sein d'une banque ("ring-fencing" ou cloisonnement). Mais ce projet est encore en gestation: le gouvernement a organisé une consultation à ce sujet entre septembre et novembre derniers.

Travail préparatoire

Le gouvernement affirme avoir achevé une vingtaine de réformes au cours de la première année. Mais, selon le rapport de la commission du Trésor, "six des actions comptées comme 'réalisées' par le gouvernement ne sont pas encore achevées". En outre, "six autres mesures ne devraient pas être considérées comme des réformes dans la mesure où elles recouvrent des actions telles que la publication d'un document ou la réception des résultats d'une consultation", poursuit la commission dans un communiqué.

Les parlementaires jugent aussi qu'un certain nombre de mesures annoncées constituent davantage un travail préparatoire que de véritables réformes. "Plus d'une décennie après la crise financière et six ans après le vote" du Brexit, le gouvernement "avait tout à fait raison d'envisager de mettre à jour la réglementation du secteur des services financiers", a commenté la présidente de la commission du Trésor, Harriett Baldwin.

"Absence de progrès"

Mais douze mois après le lancement des réformes d'Edimbourg, "l'absence de progrès ou d'impact économique les fait ressembler à un pétard mouillé", a-t-elle ajouté, citée dans le communiqué. Ces réformes "ont montré la détermination du Royaume-Uni à favoriser un paysage financier sensé, innovant et solide", a au contraire assuré vendredi dans un communiqué séparé le secrétaire d'Etat au Trésor Bim Afolami. Le gouvernement a notamment assuré avoir accompli vendredi une autre de ses promesses, en lançant ses "premières propositions visant à améliorer l'accès des consommateurs à une aide pour la prise de décision financière".

Depuis plus d'un an, le gouvernement britannique multiplie les projets de réformes pour stimuler la croissance de son secteur financier et défendre la City de Londres face à la concurrence accrue depuis le Brexit d'autres places financières européennes, comme Paris et Amsterdam. Une autre mesure emblématique prévoit notamment d'assouplir les exigences en termes de fonds propres des compagnies d'assurances pour débloquer des dizaines de milliards de livres d'investissement. Si les annonces sont généralement bien accueillies par les professionnels du secteur, elles suscitent régulièrement des réserves, voire des critiques, d'ONG, d'experts ou de parlementaires, qui craignent que Londres n'aille trop loin dans la déréglementation.

T.L avec AFP