Inflation: les Français ont-ils davantage recours au crédit pour continuer à consommer?

Les ménages ont eu davantage recours au crédit renouvelable en janvier dernier pour régler leurs dépenses de consommation courante. Une hausse à relativiser et qui intervient après des années de forte baisse de la production de crédit à la consommation.

Des prix en hausse dans l'alimentaire et une consommation en berne, en repli de 4,1% sur un an selon l'Insee. L'inflation pèse sur le moral des consommateurs qui se serrent la ceinture ou remplir leur bas de laine avec notamment un niveau d'épargne record sur le livret A.

Dans ce contexte, certains ménages les plus fragiles auraient davantage recours au crédit à la consommation pour continuer à consommer. En janvier, la production de ce type de crédit a progressé de 2,2% par rapport à un an plus tôt à 3,6 milliards d'euros, selon l'Association française des sociétés financières (ASF).

Une hausse relative mais avec de fortes disparités. La production de prêts personnels a reculé de 17,6% sur la période du fait notamment de la hausse plus lente du taux d’usure par rapport aux taux d'intérêt, ce qui empêche de nombreux ménages d'avoir accès à ce type de prêts. En revanche, les crédits renouvelables aussi appelés revolving (l'enveloppe se reconstitue au fur et à mesure de l'utilisation des fonds) enregistrent eux une hausse significative en janvier avec une croissance de 14,7% sur un an. Sur le premier mois de l'année 2023, ce sont ainsi 855 millions d'euros qui ont été prêtés contre 745 millions en janvier de l'année précédente.

Ce recours accru au crédit renouvelable traduit les difficultés de pouvoir d'achat qu'éprouvent un certain nombre de ménages fragiles dans le contexte de hausse des prix.

"Les ménages, nous le disent, explique ainsi Julien Cailleau, directeur général adjoint de Oney (filiale commune de BPCE et Auchan) dans Le Figaro. Beaucoup de ces prêts sont souscrits durant la deuxième quinzaine du mois, et souvent pour de petits montants."

Plus de crédits mais des sommes moindres, cela traduit un besoin de financement de dépenses du quotidien. Une pente qui peut conduire certains ménages au surendettement. Ces crédits renouvelables généralement associés à des cartes de crédit sont assortis de taux particulièrement élevés surtout lorsqu'il s'agit de petites sommes. Ils sont en effet supérieurs à 20% pour les montants de prêts inférieurs à 3000 euros contre 6% au-delà de 6000 euros.

Des crédits renouvelables en baisse régulière

Du côté de l'ASF, on tient toutefois à relativiser ce rebond du crédit renouvelable. Si l'Association constate une progression régulière depuis la sortie du Covid, elle rappelle que le niveau est très loin des records atteints à la fin des années 2000. Depuis 14 ans, la production de ce type de prêts enregistre une baisse régulière et s'est même effondrée durant la crise sanitaire.

Les prêts renouvelables enregistrent un rebond depuis deux ans. © ASF

Le rebond constaté ces derniers mois constituerait donc un retour à la normale. Et si le montant total devrait dépasser celui de la période pré-Covid c'est dû à l'inflation et au fait qu'il faut emprunter une somme plus importante pour acquérir la même quantité de biens.

Car la tendance plus globale du crédit à la consommation qui regroupe outre le crédit renouvelable, le prêt personnel, la LOA ou le crédit affecté à un achat est elle orientée à la baisse. Dans son enquête annuelle, l’Observatoire des Crédits aux Ménages constate qu'en 2022 la part des ménages détenteur de ce type de crédit est tombée à 21,8%, soit le niveau le plus bas enregistré depuis 1989.

Le seul crédit renouvelable a suivi la même tendance avec une baisse pour la quatrième année consécutive. En 2022, 5,6% des ménages avaient recours à un crédit renouvelable contre 6,6% encore en 2012.

https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco