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Retraites: les vacances de février en danger?

Dans les transports et les raffineries de pétrole, les syndicats sont tentés de durcir le mouvement.

Et si l'opposition à la réforme des retraites gâchait les prochaines vacances de février des Français? Rappelons qu'elles débutent pour la zone A le samedi 4 février et se terminent le lundi 6 mars pour la zone C qui inclut Paris.

Car si les syndicats ont prévu une nouvelle journée d'action le 31 janvier (donc avant les congés d'hiver), le succès de la mobilisation du 19 janvier leur a donné des idées et c'est une phrase de Philippe Martinez, Secrétaire général de la CGT qui a mis le feu aux poudres.

"À partir du moment où le gouvernement s'entête sur ce qui fait conflit, il y a possibilité de journées d'action pendant les vacances scolaires qui, je crois, s'étalent sur plusieurs zones et sur au moins un mois et demi" a-t-il prévenu au micro de LCI.

Même tonalité de la part de Frédéric Souillot, secrétaire général de Force Ouvrière. Il estime qu'il faudra aller plus loin pour faire plier le gouvernement.

"Il y aura certainement le blocage du pays par la grève" a-t-il ainsi prévenu sur BFM Business ce lundi.

Une perspective qui angoisse quelque peu le gouvernement, "non au blocage, non au fait d'empêcher les Français de vivre correctement" ainsi réagit sur BFMTV Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, ajoutant que "pouvoir se déplacer librement est aussi important".

Ces "journées d'action" seront observés de près dans deux secteurs stratégiques: les transports et les raffineries de pétrole.

Transports: le 31 janvier risque bien de ne pas être la seule journée d'action

A la SNCF, les syndicats sont vent debout contre la réforme et menacent. Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots a déclaré sur le plateau de BFMTV: "Il est clair qu'on ne se réunit pas uniquement pour cocher le 31 janvier".

Jeudi dernier, la fédération avait déposé un préavis de grève pour la période allant du mercredi 25 janvier, 19h au jeudi 2 février 2023 à 8h. Reste à savoir si d'autres d'autres préavis seront déposés.

"La question de la grève reconductible [à la SNCF] est sur la table", affirme ce lundi sur BFMTV, Fabien Villedieu de SUD-Rail.

Ce mardi, l'intersyndicale de la SNCF dira si elle appelle ou non à une grève reconductible.

Il faudra aussi composer avec les collectifs de contrôleurs qui pourraient se joindre au mouvement. Certains de leurs membres attendaient d'évaluer la mobilisation de la journée de grève du 19 janvier pour se positionner. Au vu de son succès, ils pourraient amplifier les prochaines actions même si pour le moment il n'y pas eu de préavis déposé par cette catégorie.

On rappellera qu'en 1995, ce sont les syndicats de la SNCF (et de la RATP) qui avait fait plier le gouvernement après plusieurs semaines de grèves. La réforme des retraites d'Alain Juppé avait ainsi été retirée.

Raffineries: plusieurs grèves programmées mais un risque de pénurie encore modéré

Côté raffineries, y'a-t-il un risque de voir l'essence manquer pour les automobilistes? La précédente grève d'octobre pour les salaires avait provoqué une pénurie massive de carburants et la journée du 19 janvier a été très suivie.

Comme dans les transports, les syndicats ne veulent pas se contenter de la journée d'action du 19 janvier et veulent durcir le mouvement. Il faut "un plan conscient et construit, qui vise un impact maximum sur l'économie", affirme Alexis Antonioli, secrétaire général de la CGT Totalenergies Normandie.

Ils ont d'ores et déjà prévenus qu'ils multiplieraient les actions. La CGT de la branche pétrole prévoit ainsi des arrêts de travail les 19 et 26 janvier mais surtout le 6 février pour 72 heures. "L’arrêt des installations de raffinage" est envisagé, peut-on lire dans un communiqué du syndicat pour Totalenergies.

Les fédérations CGT de la chimie ou des dockers (dans les ports) ont également évoqués d'autres actions en-dehors de la grande journée de manifestation du 31 janvier, sans donner de détails pour le moment.

Pour l’heure, le risque de fermeture des stations essences reste modéré car la situation est aujourd'hui différente de celle d'octobre. "L'état de nos stocks est revenu à la normale et il faudrait de longues semaines de grèves illimitées pour perturber l'approvisionnement des stations-services" explique sur TF1, Olivier Gantois, président de l'Union Française des Industries Pétrolières.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business