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Pourquoi la canicule oblige la SNCF à ralentir ses trains

Si la température extérieure est de 37°C, celle d'un rail peut dépasser les 55°C et même atteindre 70°C en plein cagnard... Or, la dilatation de l'acier risque de déformer la voie.

Malgré ses efforts de surveillance et d'anticipation, la canicule qui s'abat sur la France actuellement pousse la SNCF à ralentir par moments certains de ses trains.

En effet, si la température extérieure est de 37°C, celle d'un rail peut dépasser les 55°C et même atteindre 70°C en plein cagnard... Or, la dilatation de l'acier risque de déformer la voie et donc réduire la sécurité lors des passages des trains.

Les câbles d'alimentation des trains ont également la fâcheuse manie de se détendre sous l'effet de la chaleur. Ils risquent de toucher le toit du train, provoquant un arc électrique, et le pantographe (l'archet servant à capter le courant situé sur la motrice) peut arracher la caténaire si une rame passe trop vite.

Quelques retards

Autant de problèmes techniques qui impliquent donc une réduction de la vitesse des rames. Sur certains trajets, il faut donc s'attendre à des retards, de quelques dizaines de minutes.

"On a quelques zones qui nécessitent un ralentissement. C'est la seule façon que nous avons d'assurer la stabilité des voies dans ces conditions dégradées", confirme à BFMTV Jérôme Attou, porte-parole de la SNCF.

Les TER et les Intercités sont les plus touchés par ces ralentissements mais aussi les TGV "lorsqu'ils terminent leurs parcours sur les lignes classiques, ils peuvent aussi ralentir et avoir des horaires retardés", ajoute Arnaud Aymé, spécialiste transports pour Sia Partners.

Les agents chargés de la maintenance des voies et des caténaires multiplient les tournées de surveillance à pied en intervenant essentiellement au moment de la journée où les températures sont les plus élevées.

Un outil de prédiction de la chaleur des rails

Pour compléter le dispositif, SNCF Réseau utilise depuis l'an dernier un nouvel outil de prédiction de la température des rails.

Mais la chaleur accable également les locomotives et leur système de refroidissement. Tout comme les systèmes de climatisation fortement sollicités. D'où un risque de panne plus important. Problème pour les TGV: toutes les rames sont actuellement en circulation, il sera donc compliqué pour la SNCF d'en envoyer une pour récupérer les passagers d'un TGV stoppé en pleine voie.

La SNCF précise que dans les "technicentres" ont été stockés des pièces stratégiques, liées au refroidissement des moteurs et transformateurs, pantographes, équipements de climatisation...

Eviter la panne

Côté passagers, la SNCF a aussi placé des stocks stratégiques (régulièrement réapprovisionnés) dans des gares réparties dans tout le pays: 500.000 bouteilles d'eau de 50 centilitres, 100.000 coffrets-repas, 65.000 coffrets en-cas... Des packs d'eau sont également chargés à bord des trains.

En cas d'arrêt en cours de trajet, un dispositif appelé "Distrib'Bar" prévoit la distribution de boissons non alcoolisées au bar. Au bout d'une heure de retard si la climatisation est en panne et après deux heures si elle fonctionne correctement.

La SNCF dit avoir distribué 1 million de bouteilles d'eau à ses voyageurs pendant l'été 2021.

Tout ce dispositif et ces mesures dédiés seront-ils suffisants si la canicule s'installe avec des températures encore plus extrêmes? Rappelons que le 27 juin 2019, le transporteur avait du conseiller à ses clients de reporter ou d'annuler leurs déplacements suite à un pic de chaleur.

La SNCF s'était alors rangée derrière l'avis de Météo France qui avait publié un bulletin de vigilance rouge canicule. "En conséquence, SNCF invite ses clients, notamment les plus fragiles, à reporter ou annuler leurs déplacements prévus pour cette journée", avait-elle annoncé. Une situation que l'entreprise nationale souhaite à tout prix éviter cette année. Ce mercredi, sept départements du sud de la France sont en vigilance orange canicule.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business