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Grève SNCF: pourquoi l'incertitude règne autour des prévisions de trafic

Pas d'appel à la grève mais des préavis maintenus par le collectif des contrôleurs. Cette situation laisse planer une forte inquiétude sur le trafic SNCF pour les week-ends de Noël et du Nouvel An à la SNCF.

Les syndicats de la SNCF laissent à chaque contrôleur le soin de se joindre ou non au mouvement lancé par un collectif de contrôleurs non syndiqués. Aucun leader ne représente officiellement ce mouvement des chefs de bord, nom officiel des contrôleurs, comme l'a indiqué un gréviste parlant sur BFMTV à visage masqué et sans donner son identité.

"Je suis juste le porte-voix de cette grogne. Je représente la parole des contrôleurs, moi je suis le collectif (...) on est là, explique Denis. Ça fait des années que les syndicats avertissent, mais ils n'ont jamais pu nous fédérer au niveau national".

Les organisations syndicales n'encadrent pas le mouvement mais portent ses revendications et déposent des préavis de grève. Depuis novembre, la direction peine à nouer le dialogue avec le collectif de contrôleurs à l'origine du mouvement social. Combien sont-ils? Difficile à savoir exactement, mais sur Facebook, le collectif national ASCT (CNA) rassemble plus de 3500 membres sur 10.000 contrôleurs.

Impossible d'évaluer l'impact

Cette stratégie crée une forte incertitude pour les voyageurs qui comptent prendre le train lors des week-end de Noël et du Nouvel An. Pour la direction, il est impossible d'évaluer l'impact du mouvement et de s'organiser. Mais pour Denis, il sera aussi suivi que début décembre. Du 2 au 5 décembre, la SNCF a dû annuler 60% de ses TGV et Intercités. Ce scénario catastrophe risque de se reproduire pour les deux week-ends de fêtes. Il pourrait même être plus important.

En effet, sans ces agents assermentés, aucun train ne peut circuler. Pour qu'un train roule, trois agents sont nécessaires: un contrôleur, un conducteur et un aiguilleur. S'il manque l'un de ces trois-là, pas de départ possible.

Dans les trains, le rôle des contrôleurs est de contrôler les tickets des voyageurs et dresser des procès-verbaux, mais pas seulement. Sur les quais, ils aident au bon fonctionnement des équipements et veillent aux respect des consignes de sécurité et des horaires. Selon Pôle Emploi, le salaire en début de carrière est de 1600 euros bruts par mois hors primes.

Le collectif réclame une meilleure reconnaissance de la spécificité de ce métier. Lors d'une rencontre le 8 décembre avec la direction ou il était représenté par les syndicats Sud-Rail, Unsa-Ferroviaire, CGT-Cheminots et CFDT-Cheminots, la direction a proposé d'augmenter leur "prime de travail" de 600 euros par an, dont une partie serait intégrée à leur salaire en 2024, ainsi qu'une indemnité supplémentaire de 600 euros bruts par an.

Climat social fragile

Ces mesures sont d'un "très bon niveau et répondent aux revendications du CNA", a estimé dès vendredi l'Unsa-Ferroviaire, annonçant retirer son préavis de grève. Mais le CNA, qui a souhaité organiser une consultation en ligne, a été incapable de dégager une position claire.

"Nous avons décelé de nombreuses fraudes et tentatives de manipulation du vote", a reconnu vendredi le collectif, contraint d'annuler le scrutin.

Il a ensuite confié le soin aux syndicats "d'organiser des votes auprès de leurs adhérents contrôleurs, afin de se positionner sur la poursuite ou pas du mouvement".

SUD-rail a donc "organisé une consultation de l'ensemble de ses structures" mais celle-ci n'a "pas permis de dégager une position majoritaire", a-t-il concédé lundi. En conséquence, le syndicat a décidé de maintenir son préavis pour laisser la porte ouverte à d'éventuels grévistes, tout en n'appelant pas lui-même ouvertement à la grève. Même chose du côté de la CGT-Cheminots.

"Nous laissons le préavis à disposition de nos adhérents qui souhaitent s'impliquer dans la démarche", a indiqué à l'AFP son secrétaire général, Laurent Brun.

Le climat social reste fragile à la SNCF puisque les propositions de hausse de salaire pour 2023 formulées par la direction le 7 décembre lors des négociations annuelles obligatoires (NAO), n'ont été signées que par un syndicat -la CFDT- sur quatre.

La direction a proposé une série de mesures aboutissant selon elle à une revalorisation salariale de 5,9% en moyenne, dont 2% d'augmentation générale pour tous. Des mesures jugées insuffisantes par la CGT, l'Unsa et SUD-Rail. La SNCF doit communiquer ce mardi en début d'après-midi une première prévision du trafic pour ce week-end.

Pascal Samama avec AFP