BFM Business
Transports

Avions: avec 100 nouveaux C919 commandés par Air China, Comac poursuit son essor en Chine

La commande faite par la compagnie nationale chinoise représente 10,8 milliards de dollars au prix catalogue.

L'avionneur d'Etat chinois Comac (Commercial Aircraft Corporation of China) continue à profiter de l'essor de la demande dans le pays et de la fidélité des grandes compagnies de l'empire du Milieu.

Air China a en effet officialisé son intention d'acheter 100 C919, le premier avion de ligne de conception et de fabrication chinoise qui vise à concurrencer le 737 Max de Boeing et la famille des A320 d'Airbus, pour une valeur au prix catalogue de 10,8 milliards de dollars.

Benaouda Abdeddaïm : Contestation par la Chine du duopole aéronautique euro-américain, politique étrangère et pouvoir intérieur - 19/06
Benaouda Abdeddaïm : Contestation par la Chine du duopole aéronautique euro-américain, politique étrangère et pouvoir intérieur - 19/06
3:46

"La transaction est conforme au plan de développement de l’entreprise et à la demande du marché, ce qui est propice à l’optimisation de la structure de la flotte du groupe et à l’augmentation à long terme de la capacité de sa flotte", commente Air China dans un communiqué.

En septembre dernier, c'est China Eastern Airlines qui avait annoncé une commande 100 avions C919.

Première sortie internationale

En février dernier, lors du salon de Singapour, Tibet Airlines a signé pour 40 exemplaires tandis que Bruneï Gallop Air s'en est offert 30. Des chiffres plutôt impressionnants, d'autant que c'est seulement la première fois que Comac expose hors de Chine ses avions.

Le C919 est un appareil court-moyen courrier capable de transporter 158 à 174 passagers sur 4075 kilomètres.

Rappelons qu'en dehors de la Chine et de quelques pays d'Afrique, le C919 n'est pas autorisé à voler ailleurs, l'appareil n'ayant pas été certifié par la FAA (Federal Aviation Administration) et l'EASA (European Aviation Safety Agency).

Mais il profite d'importantes commandes de compagnies locales dans un pays ou l'aérien est en plein essor.

De fait, il constitue une épine dans le pied d'Airbus et de Boeing dans leur conquête du ciel chinois où ils se partagent 98% du marché. Il faut en effet rappeler que la Chine est devenue un marché stratégique pour les avionneurs avec des compagnies qui passent de très importantes commandes.

La Chine représente désormais 20% du trafic aérien mondial, un chiffre qui progresse de plus de 5% par an.

Les deux leaders du marché s'attachent à afficher une certaine sérénité face à ce concurrent qui prend de plus en plus de poids. C'est "bon pour l'industrie", explique un porte-parole de Boeing. Toutefois, Christian Scherer, le patron de l'aviation commerciale chez Airbus, estime que le monocouloir C919 ,"n'apporte pas vraiment de différenciation particulière sur le marché".

Un long courrier en préparation

En revanche, selon certains experts internationaux, Comac pourrait tirer son épingle du jeu dans les années qui viennent. "Avec Airbus et Boeing qui peinent à augmenter leur production pour répondre à la demande, Comac se positionne comme un alternative viable", souligne un spécialiste.

Shukor Yusof du cabinet de conseil Endau Analytics basé à Singapour estime de son côté que "le 'made in China' est encore stigmatisé dans l'industrie aéronautique, même si la Chine est aujourd'hui leader mondial sur le marché des véhicules électriques", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Il faudra du temps pour que le C919 soit commandé par un grand transporteur", a-t-il ajouté, même si "la question est de savoir quand, et non pas si une compagnie aérienne de premier plan achètera un avion commercial fabriqué en Chine".

D'autant plus que Comac n'entend pas se contenter du court-moyen courrier. Il travaille depuis plusieurs années au développement du C939 qui s'attaquera à l'A350 ou au 777X, soit un appareil long-courrier. Et le travail avance.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business