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100 milliards d'euros pour le rail: Clément Beaune confirme que l'aérien devra contribuer

Si le gouvernement a annoncé un ambitieux programme d'investissements pour le réseau ferré français, il en quête de sources de financement.

C'est en personne que Clément Beaune est venu devant les représentants du secteur aérien pour leur confirmer la mauvaise nouvelle. Oui, la filière devra contribuer d'une façon ou d'une autre au grand programme d'investissements à 100 milliards d'euros pour le rail, a annoncé jeudi le ministre délégué aux Transports lors du congrès de la Fnam, la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers.

"Nous engagerons des discussions dans les prochaines semaines sur la contribution du secteur à la construction de nouvelles infrastructures", a-t-il annoncé sans donner le détail de cette contribution.

Plus tôt, il avait évoqué sur FranceInfo "une contribution sur les billets de première classe et de classe affaires pour financer la transition énergétique". "Ce ne sera pas un drame social, c'est aussi le sens de la taxation des jets, que nous renforcerons en 2024."

"Variable d'ajustement"

Le plan ferroviaire à 100 milliards ne sera en effet pas financé en totalité par l'Etat qui devrait mettre 20 milliards d'euros (voire un peu plus) dans le pot à travers la Loi de programmation des finances publiques. L'Europe, les régions mais aussi les sociétés d'autoroute et l'aérien seront également mis à contribution.

La perspective n'est pas nouvelle. Lors de l'annonce de ce plan, le ministre avait déjà prévenu: "il est normal que des sociétés qui ont des marges confortables et sont en bonne santé contribuent au financement. On peut peut-être financer, par des péages ou par des contributions fiscales, le train ou des modes de transport moins polluants. C'est un débat qu'on va avoir d'ici l'été".

Alors que le secteur aérien doit massivement investir pour sa transition écologique et subit une hausse de ses coûts, l'annonce passe évidemment mal et apparaît comme une double peine.

"La préservation de la compétitivité du transport aérien français par rapport à celle de ses concurrents internationaux doit rester un objectif essentiel alors que le pavillon français a continué de perdre chaque année un point de part de marché", a souligné Pascal de Izaguirre, président de la Fnam, lors de ce même congrès.

Cet objectif de compétitivité passe en premier lieu par l’abandon de mesures nationales de taxation ou d’interdiction spécifiques à l’aviation française", a-t-il ajouté.

Perte de compétitivité

Et d'asséner: "je rappelle que le surcoût de la transition écologique du secteur aérien pour le pavillon français (hors investissement flotte) est estimé à 1 milliard d’euros en 2025 et près de 3 milliards d’euros à l’horizon 2030. Le transport aérien est bien un secteur en transition écologique et ne saurait devenir la variable d’ajustement des politiques d’investissement d’autres modes de transport".

Pour le Scara, le Syndicat des compagnies aériennes Autonomes (qui regroupe la moitié des compagnies aériennes françaises), "taxer toujours plus le transport aérien épuise ses capacités de financement de solutions pour atteindre ses objectifs en matière environnementale: carburants durables (bio et synthétique), compensation CO2, progrès technologiques, etc".

Le syndicat rappelle que le secteur finance déjà à hauteur de 200 millions d'euros par an les infrastructures routières, ferroviaires, fluviales et portuaires via l’éco-contribution mise en œuvre en 2020, une taxe sur les billets d’avion (dite "taxe Chirac").

L'aérien "refuse l’idée d’être une fois de plus taxé pour financer le plan de développement du transport ferroviaire. Une taxation supplémentaire serait une taxe anti écologique et un message négatif envoyé à toute l’industrie aéronautique française".   

D'autant plus que les billets d'avion connaissent depuis plus d'un an une flambée tarifaire sans précédent avec une inflation moyenne de plus de 20% et de plus de 30% vers les Outre-mer.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business