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Sans travail, mais pas licenciés: un millier de salariés d'un sous-traitant d'Amazon dans l'impasse

Amazon a mis fin à son contrat avec FDL, un sous-traitant pour la livraison. Les salariés n'ont désormais plus de travail et la direction ne les a pas licenciés.

Le 9 août Amazon a rompu son contrat avec Fast Despatch Logistics (FDL), un sous-traitant en charge des livraisons du dernier kilomètre. Depuis, les quelque 1000 salariés de l'entreprise britannique en France se retrouvent dans l'impasse.

Selon les représentants au Comité social et économique (CSE), Amazon était le seul client de FDL en France. Un délégué du personnel contacté par Les Echos affirme que les salariés ont reçu une simple "note interne" pour les informer de la décision d'Amazon. Sans plus de précision.

Depuis, ils n'ont plus de travail mais n'ont pas été licenciés pour autant, ont-ils confié à Sud-Ouest. Impossible pour eux de s'inscrire à Pôle Emploi pour prétendre aux allocations chômage et leur seule porte de sortie, la démission, implique de renoncer à tous leurs droits. Pour protester, ils se mobilisent et ralentissent le travail de plusieurs agences de livraison du géant du e-commerce.

Salaires en retard, heures supplémentaires non payées...

En juin, des livreurs de l'agence de Strasbourg avaient fait grève pour réclamer leurs salaires impayés et dénoncer les conditions de travail. Absence de certificat de travail, planning établis à la dernière minute, heures supplémentaires non payées... Leurs revendications étaient nombreuses. Ils ont à nouveau fait grève début août, faute de solution trouvée avec la direction.

"Le 30 juin, il a été évoqué le recours au chômage partiel à Nantes, puis finalement à toute la France, mais pas de fermeture. Le mardi 9 août, nous avons été prévenus le jour même d’une cessation d’activité, mais sans qu’une procédure de redressement soit enclenchée. Dans d’autres dépôts, certains salariés ont même travaillé ce jour-là car ils n’ont pas eu l’information", a expliqué à Rue 89 Strasbourg Ismaïl Duran, livreur strasbourgeois et représentant du personnel au siège parisien de l’entreprise.

Amazon refuse de s'impliquer

Dans la foulée, Amazon a mis fin au contrat avec la filiale française de FDL. "Nous sommes intransigeants sur le fait que [nos sous-traitants] se doivent de respecter les lois en vigueur, ainsi que le code de conduite des fournisseurs Amazon", s'est justifié le géant américain dans un communiqué.

Après la mobilisation des salariés, le 20 août, les salaires de juillet ont finalement été versés.

Selon Les Echos, l'avocat du CSE, maître Pierre Dulmet, a contacté le procureur de la République à Bobigny, le siège de l'entreprise étant installée à Villepinte, en Seine-Saint-Denis. Une audience se tiendra le 5 septembre au tribunal de commerce pour une possible mise en redressement judiciaire ou une liquidation.

De son côté, Amazon refuse de prendre part au conflit entre la direction et les salariés. "Nous n'avons pas de visibilité sur la situation économique de l'entreprise, ni ne pouvons confirmer si nous étions leur unique donneur d'ordres", a affirmé un porte-parole, cité par Les Echos.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech