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Négociations commerciales: pour les petits industriels, le compte n'y est pas

Les négociations commerciales se sont achevées lundi soir entre les petits industriels agroalimentaires et les enseignes de la grande distribution.

Les négociations commerciales sont désormais closes pour les PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) agroalimentaires. Les tractations tarifaires se sont achevées ce lundi soir à minuit entre les enseignes de la grande distribution et leurs fournisseurs de produits alimentaires réalisant moins de 350 millions d'euros de chiffre d'affaires. Après plusieurs semaines de difficiles discussions entre les deux parties, chahutées par le contexte inflationniste, les petits fabricants dressent un premier bilan défavorable. Ils affirment être loin d'avoir obtenu les augmentations de tarifs qu'ils estimaient nécessaires.

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"Nous ne sommes toujours pas au juste prix", déplore Léonard Prunier, à la tête de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef), qui représente plusieurs milliers de PME et ETI agroalimentaires.

Alors que les fabricants représentés par la Feef demandaient, en moyenne, une augmentation de 3% des tarifs de vente aux distributeurs à l'ouverture des négociations commerciales, "nous arrivons à -1% en moyenne à l'atterrissage", avance-t-il.

Les industriels, face aux supermarchés, ne cessent de répéter qu'ils font face à une hausse des coûts de production. "L'inflation devra être absorbée par les entreprises", estime Léonard Prunier, craignant que cela ne "grève les capacités d'investissement" pour les années à venir.

"Une ambiance dégradée"

Du côté de l'Association des entreprises de produits alimentaires élaborés (Adepale), le ton est encore plus agacé. Son président, Jérôme Foucault, évoque une "ambiance dégradée" par rapport aux années précédentes, soulignant qu'industriels et distributeurs ont été mis "sous pression" par l'inflation. À la fin des discussions, les nouveaux tarifs s'échelonnent entre -0,5% et +1,5%, selon les constats de l'organisation. Les supermarchés ont réclamé des baisses de tarifs "totalement décorrélées des baisses des prix des matières premières", regrette-t-il, citant l'huile d'olive en exemple.

"Les négociations ont été lapidaires" à cause des "délais très courts" de négociation, "ce qui n'a pas permis d'établir un dialogue constructif", regrette Jérôme Foucault.

Pour l'Adepale, la clôture prématurée des négociations pour les PME/ETI, deux semaines avant les grands groupes, a rajouté une nouvelle couche de complexité au processus. Le seuil de 350 millions d'euros de chiffre d'affaires "a créé des distorsions de concurrence au sein du même linéaire", lance-t-il, séparément arbitrairement des entreprises. La Feef, au contraire, salue la mesure. En négociant en amont des grands groupes, elles ont pu s'assurer un accès aux rayons des supermarchés, laissant ces derniers batailler avec les multinationales dans la dernière ligne droite.

Avant les grands groupes

Tous les petits industriels ont signé leurs nouveaux contrats malgré l'insatisfaction sur les hausses de tarifs. Par crainte, notamment, du déréférencement des supermarchés. "Ce n'est pas parce que je signe un accord que j'ai fait un bon accord", confirmait ce mardi matin sur RTL le président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), Jean-Philippe André.

Place, maintenant, au deuxième round des négociations commerciales: les grands groupes, eux, ont jusqu'au 31 janvier prochain pour clôturer leurs discussions tarifaires avec les distributeurs.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV