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Stellantis ne rachètera plus de crédits carbone à Tesla

Carlos Tavares, alors à la tête du groupe PSA, pendant la présentation des résultats 2019, le 26 février 2020 à Rueil-Malmaison, près de Paris

Carlos Tavares, alors à la tête du groupe PSA, pendant la présentation des résultats 2019, le 26 février 2020 à Rueil-Malmaison, près de Paris - ERIC PIERMONT © 2019 AFP

Ces dernières années, FCA avait pris l'habitude d'acheter des crédits carbone à Tesla afin de respecter les normes antipollution en Europe. La fusion avec PSA, pour former le groupe Stellantis, met fin à cette pratique.

Racheter les crédits carbone de Tesla, c'est fini. Dans une interview accordée au Point, Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, groupe issu de la fusion entre PSA et FCA et numéro un du secteur en Europe, revient sur sa stratégie pour respecter les normes CO2 en Europe.

Grâce à la technologie électrique que PSA a apportée à Stellantis, nous respecterons de manière autonome les limitations d'émissions de dioxyde de carbone dès cette année. Ainsi, nous n'aurons pas besoin de faire appel à des crédits CO2 en Europe ; et FCA n'aura plus de pool avec Tesla ni avec qui que ce soit", détaille Carlos Tavares.

Les crédits carbone au cœur du modèle Tesla

En 2019, des experts du cabinet Jefferies cités par le Financial Times expliquaient que FCA s'exposait à près de 2 milliards d'euros d'amende en cas de non-respect des normes CO2 en Europe. Une somme rapportée aux "quelques centaines de millions de dollars" dépensés pour racheter les crédits carbone de Tesla. L'an dernier, Honda avait rejoint le "pool", le nom donné à ces regroupements de constructeurs, formé entre FCA et la marque américaine.

Tesla ne commercialisant que des véhicules 100% électriques, elle accumule ces crédits qu'elle peut ensuite revendre. Au premier trimestre 2021 par exemple, cela représentait un gain de plus de 500 millions de dollars, permettant à l'entreprise d'être bénéficiaire, puisque son bénéfice net était de 438 millions de dollars.

Stellantis prêt pour la révolution électrique

Carlos Tavares est également revenu sur l'électrification en cours de l'industrie automobile et des enjeux que cela pose en termes d'emplois. Stellantis construit actuellement un site de production de batteries à Douvrin (Nord) et estime qu'il n'arrive pas trop tard face aux concurrents, en Asie notamment, en particulier pour couvrir la demande en batteries des différentes marques du groupe Stellantis (Peugeot, Fiat, Citroën, DS, Opel, Fiat, Alfa Romeo, Maserati...).

Nos besoins seront de 130 GWh en 2025 et de 250 GWh en 2030. Nous développons notre technologie en France et serons prêts à y produire nos premières batteries dès 2023, au moment où le marché connaîtra une vraie accélération", souligne le directeur général de Stellantis.

Tout un symbole: dans l'usine voisine du futur site de production de batteries, les salariés s'inquiétaient récemment de la délocalisation d'un moteur thermique en Hongrie. Alors que le gouvernement a affiché sa volonté de faire rimer électrification avec relocalisation industrielle, Carlos Tavares donne quelques exemples de ce "mouvement en cours" et "déjà massif" chez Stellantis:

Les moteurs électriques que PSA va fabriquer à Trémery étaient auparavant importés de Chine et du Japon. Les batteries qui seront fabriquées à Douvrin provenaient jusqu'ici de Chine. Les boîtes automatiques électrifiées que nous allons produire à Metz venaient du Japon et de Chine."
https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto