Stellantis continue de produire un moteur dans le Pas-de-Calais, Le Maire "ravi" de cette décision

En réponse au choix de Citroën de produire sa nouvelle grande berline en Chine, le ministre de l'Economie s'est réjoui de la décision de Stellantis (ex-PSA Peugeot Citroën) de produire un moteur hybride rechargeable à Douvrin (Pas-de-Calais) alors qu'un autre sera bien délocalisé en Hongrie.

Invité de Jean-Jacques Bourdin ce mercredi, Bruno Le Maire est revenu sur la décision de Citroën de produire sa nouvelle grande berline haut de gamme en Chine.

Il n'est pas absurde de se mettre près de ses clients, a commencé à argumenter le ministre de l'Economie. Ce qui compte pour moi c'est que PSA (groupe qui fusionné avec FCA en janvier dernier pour former Stellantis, ndlr), et les grands groupes industriels automobiles français, Peugeot et Renault, créent de la valeur en France et donc relocalisent toutes les activités technologiques sensibles, production de moteurs, moteurs électriques, chaines de traction, c'est ce qu'ils sont en train de faire."

"Même si le moteur de Douvrin est parti en Hongrie?", le relance Jean-Jacques Bourdin.

"Pardon, mais il devait partir en Hongrie, il ne part pas en Hongrie. Pourquoi? Depuis 3 semaines je discute avec Carlos Tavares, et j'ai dit au patron de PSA (Stellantis), qui au passage est un grand patron de l'industrie automobile: 'vous ne pouvez pas bénéficier des aides à l'hybride rechargeable, des aides à la conversion, de l'ensemble de la politique, les 8 milliards d'euros sur la transformation de l'automobile française, et délocaliser un moteur hybride rechargeable de nouvelle génération en Hongrie? Je suis ravi que Carlos Tavares ait entendu nos arguments et qu'il ait finalement pris la décision de maintenir ce moteur à Douvrin."

Deux moteurs différents en réalité

Pour bien comprendre, il s'agit en réalités de moteurs différents. La prochaine génération de moteurs EP, un 4 cylindres turbo essence, ne sera plus produite à Douvrin mais bien en Hongrie. Une manifestation était organisée le week-end dernier pour protester contre cette décision.

En revanche, la CFE-CGC révélait mardi soir la décision de conserver sur ce site la production du nouveau modèle EB de 3e génération (moteur hybride rechargeable) sur ce site qui emploie 1646 salariés, dont 1443 CDI.

"La CFE-CGC a mené ce juste combat avec conviction, accompagné de 2 autres syndicats FO et CFTC du site nordiste, afin de réorienter une décision initiale incertaine", explique un communiqué.

Une "décision initiale incertaine", car il était bien prévu de maintenir la production de ce moteur, ainsi que celle d'un moteur diesel (DVR) dont l'arrêt est prévu pour 2022.

"Le moteur EB de deuxième génération (actuellement en production) a une durée de vie jusqu’en 2023, pour pouvoir commercialiser les EB post 2023, il faudra développer en conception la génération suivante: l’EB génération III. Notre crainte, justifiée, était de ne pas avoir la fabrication de EB gen III post 2023 et qu’elle prendrait le chemin des pays où les couts salariaux sont moins chers (comme EP)", nous a expliqué un porte-parole de la CFE-CGC.

L'usine de batteries pour prendre le relais à Douvrin

"Un ouf de soulagement, mais qui ne règle pas tous les problèmes", soulignait hier soir la Voix du Nord.

Le moteur diesel s’arrêtant en 2022, le site de Douvrin ne serait plus qu’une coquille vide sans cette nouvelle production", explique Alexandre Dauroux, délégué FO de PSA, interrogé par le quotidien.

Située en partie sur le site de l'usine de Douvrin, la future usine de batteries de ACC (Automotive Cells Company), coentreprise entre Total et Stellantis, doit également permettre d'offrir une possibilité de mobilité interne pour les salariés de Douvrin.

Ce site "produira à l’horizon de 2023 des batteries pour automobiles électriques sur le site. Elle permettra d’accompagner en douceur le transfert des salariés vers ces nouvelles technologies", note le communique de la CFE-CGC.

Je préfère que le maximum de production soit réalisé en France, je dis simplement qu'il faut un peu de cohérence: il faut que nous ayons les produits les plus innovants relocalisés en France, et dans un pays qui depuis 30 ans connaît des délocalisations industrielles, avoir enfin des relocalisations, c'est une très bonne nouvelle. Mais on ne peut pas dire aux Français 'prenez des véhicules plus petits et plus respectueux de l'environnement' et réaliser les plus gros véhicules sur le territoire français", a souligné Bruno Le Maire ce matin.

Une réaction à la production en Chine de la prochaine grande berline de Citroën, la C5X, dévoilée lundi dernier. Ce sera aussi le cas de celle d'une autre marque de Stellantis, DS, avec la DS9. Dans le même temps, des millions de véhicules thermiques seront bientôt interdits de circuler dans les grandes villes, avec la mise en place prochaine des Zones à faibles émissions (ZFE).

D'où la nécessite de faire basculer l'appareil productif français du thermique vers l'électrique, comme l'a rappelé Bruno Le Maire:

La fabrique mondiale de véhicules technologiquement avancés, la production de moteurs, de pièces de production avancées, doit se faire en France et est en train d'être relocalisée en France."

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto